La metteur en scène Fouzia Aït L'Hadj a étonné le public venu l'écouter jeudi dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou lors de la rencontre culturelle mensuelle animée par Slimane Belherat. Les débatsse sont essentiellement focalisés sur la situation du théâtre Kateb Yacine de la ville dont elle est directrice depuis plus d'une année. L'établissement en question n'est toujours pas réhabilité, en dépit des engagements des pouvoirs publics. Il a été érigé en théâtre « régional », mais le strict minimum d'équipement matériel et d'affectation humaine n'est pas assuré. Harcelée par les questions de l'auditoire, Aït L'Hadj a fini par lâcher : « J'ai été nommée au poste de directrice de ce théâtre en mars 2006 et, à ce jour, je n'ai pas de salaire. C'est une nomination virtuelle. Mon rôle n'est pas de signer des documents. Je ne m'occupe pas des murs. Seules la salle et la scène comptent pour moi. J'attends que les budgets consacrés à sa rénovation arrivent. Mais je dois dire que je me suis engagée à faire vivre le théâtre à Tizi Ouzou. » L'aveu de cette grande dame du théâtre est déconcertant. Cette 6e édition de la rencontre Paroles aux artistes a eu le grand mérite de dévoiler de nouveau, qu'à Tizi Ouzou, l'administration a eu toujours raison de la création. De son côté, le directeur de la culture de la wilaya, Ould Ali L'Hadi, qui est intervenu lors des débats, a déclaré sur le même sujet : « Nous avons engagé un bureau d'études pour concrétiser le projet de rénovation. Des entreprises spécialisées seront retenues. Nous comptons terminer dans les trois mois à venir. Le théâtre régional a de beaux jours devant lui. » Mais le théâtre Kateb Yacine reste toujours un immeuble désert, utilisé pour quelques manifestations artistiques, mais aussi comme foire commerciale. Sa directrice, sans bureau et sans chauffeur, vient régulièrement à Tizi Ouzou pour suivre l'évolution de la situation. A ses propres frais.