Depuis quelque temps, l'université algérienne s'est lancée dans la mise en œuvre du système LMD. En dehors des circonstances mais aussi des considérations liées à des aspects techniques ou organisationnels (système d'évaluation, mobilité des étudiants, passerelles entres les options, etc.) qui donnent une spécificité à ce système, nous voulons attirer l'attention sur la question des profils, et donc des programmes qui doivent refléter et concrétiser des objectifs à atteindre en matière de formation. De là se pose une question pertinente : en quoi se différencie le système LMD en comparaison avec le système d'enseignement classique ? Pour répondre à cette question, examinons d'abord la nouveauté fondamentale suggérée par le système LMD. De ce point de vue, nous constatons que la licence, qui constitue la première étape de ce système et qui s'échelonne sur trois ans, a pour but de former l'étudiant sur une préoccupation précise d'un domaine scientifique ou technique donné. Donc la démarche proposée consiste à privilégier une spécialisation précoce, au détriment de l'enseignement général. Cette démarche pose un certain nombre de problèmes : 1 La disparition des profils existants Le système LMD propose une démarche inverse en comparaison avec l'enseignement classique qui a toujours privilégié, dans un premier temps, un enseignement général avant d'entamer, enfin, une spécialisation après deux à trois années de tronc commun selon les filières. Par conséquent, il se pose le problème de cette nouvelle démarche qui voudrait d'abord opter pour une spécialisation sans avoir le « bagage » théorique nécessaire, lequel pourra être apporté à travers une formation complémentaire dans le cadre du mastère et, par la suite par une formation encore plus approfondie dans le cadre du doctorat. Nous comprenons que cette démarche se préoccupe d'abord par une formation qui puisse répondre à des préoccupations précises qui intéressent l'environnement économique, ce qui pose nécessairement le problème de la motivation des entreprises et des différents services employeurs, non seulement, de contribuer à la formation de l'étudiant par la proposition de stages pratiques, mais aussi par la possibilité de créer des postes d'emploi. A ce niveau, nous pouvons déduire que la réussite du système LMD ne se limite pas seulement aux efforts déployés par l'université, mais aussi par la contribution de l'environnement économique. Par ailleurs, sur le plan pédagogique, le problème qui se pose aujourd'hui est celui de transformer les formations classiques et qui existent déjà et de les reconvertir vers des formations qui se préoccupent d'abord de la question des spécialisations. Il s'agit alors de réfléchir autrement pour ne pas dire de façon tout à fait inverse et proposer des spécialités « pointues » qui répondent à des préoccupations précises à court terme, mais aussi qui peuvent faire l'objet d'un approfondissement à moyen, sinon à long terme. Cependant, cette reconversion pose nécessairement des problèmes liés à la qualité des enseignements, car l'apport théorique restera très insuffisant, ce qui ne permet pas de faire correspondre cette formation à des profils et ce qui suppose aussi la disparition des profils, qui existent aujourd'hui. Autrement dit, la licence se limite à l'acquisition d'une spécialisation qui se restreint à des connaissances qui ont pour finalité des implications pratiques immédiates mais qui ne reflètent nullement un profil. Ainsi, l'université, qui a toujours œuvré pour former des profils, devra désormais changer de cap, peut-être de sens ou de philosophie, et œuvrer pour former des « individus » qui sont spécialisés dans une « préoccupation » précise sans pour autant répondre à un profil donné. Peut-être bien que ce profil se dessinera plus tard, nous voulons dire après le mastère et le doctorat. Espérons-le. En effet, si la question des profils ne peut constituer un objectif dans le cadre de la licence, il faudra cependant se rattraper plus tard pour définir des profils dans le cadre de la formation du mastère. Cela suppose que la conception de la reconversion est globale : elle ne doit pas se limiter à la licence mais devra au moins intégrer la formation pour le mastère. 2 l'amalgame Il existe certainement des profils dans l'enseignement classique qui sont essentiellement théoriques, et qui ne peuvent donner des applications dans le cadre d'une licence. Des spécialités qui demandent une formation incontournable et assez longue sur le plan théorique. Dans le cas de celles-ci, il se pose nécessairement un problème de fond, car elles ne peuvent faire l'objet d'une licence. Cependant, elles peuvent, peut-être, s'intégrer plus tard dans les enseignements du mastère et du doctorat qui prolongent la licence. Concernant les spécialités qui ne peuvent donner lieu à des approfondissements, elles se limiteront a fortiori à la licence et seront sanctionnées par un diplôme professionnel. Cependant, ici, il réside le problème de l'amalgame qui peut entourer la licence professionnelle délivrée par le ministère de l'Enseignement supérieur et celle délivrée par le ministère de la Formation professionnelle. Cela suscite ainsi une coordination des efforts entre les deux institutions pour harmoniser la formation et avantager la complémentarité. Aujourd'hui, nous devons nous adapter à une situation que nous subissons, malgré nous. Dans la difficulté, parfois dans le marasme, nous sommes appelés à lever un défi, (....), un de plus. Un défi que nous n'avons pas cherché.