Le nouveau système de l'enseignement supérieur LMD (licence, mastère, doctorat), ne cesse de provoquer d'interminables débats à tous les niveaux depuis son lancement à la rentrée universitaire 2004-2005. Durant trois jours, une rencontre internationale de haut standing sur la réforme de l'enseignement supérieur et le passage au LMD, tenue dernièrement à l'université de Constantine, a regroupé pour une série de rencontres des spécialistes algériens, français et italiens. Comme présenté par ses initiateurs, le forum, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des processus de Bologne et de Barcelone pour la coopération euroméditerranéenne, devra permettre aux universités maghrébines de bénéficier des expériences des universités européennes en matière d'application du système LMD. C'est en somme la première finalité de la rencontre de l'université de Constantine, organisée en collaboration avec ses partenaires des universités Pierre Mendès France et Joseph Fourier de Grenoble, l'université franco-italienne, l'université de Varèse et la fondation italienne CRUI, avec au menu l'étude du système LMD dans les universités françaises et italiennes. La synthèse de l'expérience des Français, exposée par le Pr Bernard Drogman de l'université Pierre Mendès France ; s'avère parmi les plus révélatrices et n'a cessé de faire l'objet de débats passionnés. A ce sujet, le conférencier avancera le chiffre de 70 établissements d'enseignement supérieur appliquant le système LMD, soit les trois quarts des universités françaises en sus de 37 écoles d'ingénierie. De leur côté, les Italiens, en dépit de toutes les réformes engagées depuis plus de 140 ans pour remédier à leur plus faible taux de diplômes universitaires en Europe, le recours au système LMD n'a eu lieu qu' en 2001. En l'espace de trois ans, il finira par être adopté au niveau de 77 universités. Alors qu'au Maroc et en Tunisie, le système LMD connaît toujours des balbutiements, selon des participants à la rencontre de Constantine, les universités algériennes semblent être les mieux parties pour réaliser un véritable saut qualitatif. Selon le rapport établi par une commission installée en mai dernier par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en vue d'évaluer les capacités des universités algériennes, il s'avère qu'une quinzaine d'entre elles disposent d'aptitudes nécessaires pour la mise en œuvre du système LMD à partir de l'année en cours, nonobstant quelques lacunes liées essentiellement à un déficit dans l'encadrement. Rappelons que l'entrée en vigueur du LMD à l'université de Constantine a touché sept filières, dont certaines seront étudiées pour la première fois, à l'instar des maths et informatique appliquées aux sciences (MIAS), les techniques de gestion urbaines et autres spécialités regroupées au sein des sciences économiques, à l'exemple de l'économie internationale et banques et assurances. A cet effet, la rencontre de Constantine aura été une opportunité pour l'ouverture de débats autour de l'application du LMD dans deux champs différents : l'économie et la biologie, où les débats menés en séances fermées ont donné autant de matière à réflexion pour les encadreurs nationaux. Ces derniers seront appelés à être encore plus performants pour donner du souffle à un système encore à l'état de l'expérimentation, et dont la réussite et la généralisation dépendront de ce qui adviendra durant les deux prochaines années. Attendons pour voir et juger.