Les robes noires ne décolèrent pas. Après avoir boycotté la cour d'Alger pendant une dizaine de jours, les avocats ont appelé hier à un sit-in de protestation demain, devant la même juridiction. A ce titre, le bâtonnat de la capitale a exhorté tous les membres à être présents, vêtus de leurs robes, dès la matinée. Cette action a été décidée lors d'une assemblée extraordinaire des avocats, mercredi dernier, tenue après neuf jours de protestation contre « l'exclusion de la défense de la nouvelle cour d'Alger », a déclaré maître Selini, bâtonnier et président en même temps de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA). Selon l'avocat, « le fait d'avoir boycotté les audiences de la cour durant plus d'une semaine n'a pas poussé les autorités judiciaires à ouvrir le débat autour de la question des conditions de l'exercice de la profession dans les tribunaux et les cours d'Algérie ». Selon lui, le changement de conception apporté à la nouvelle mouture reflète la marginalisation et l'exclusion des avocats du domaine de la justice. « Tous les espaces prévus au début pour les avocats ont été enlevés. Il n'y a ni bureaux, ni salles de conférences, ni bibliothèques, infrastructures nécessaires et importantes pour le bon fonctionnement de la justice. L'avocat a besoin d'espace pour préparer son dossier, se concentrer avec ses collègues et prévoir même des réunions. Souvent, il est appelé à passer plus de temps dans les tribunaux et les cours ». Maître Selini compte beaucoup sur la participation massive de ses confrères au sit-in de demain, afin de « montrer aux autorités que nous attendons toujours un geste pour ouvrir le dialogue et régler définitivement cette crise ». Il a noté à propos des 10 jours de boycott de la cour d'Alger que les résultats n'ont été perçus que par les citoyens « qui durant cette période ont eu des jugements plus cléments et plus humains à leur égard. Les magistrats ont réagi avec plus d'humanisme, vu qu'ils ont jugé sans la présence des avocats. Néanmoins, aucune décision allant dans le sens de nos revendications n'a été prise. Aucune volonté d'ouvrir le dialogue n'a été exprimée pour l'instant. C'est le statu quo, comme c'est le cas pour les revendications de l'Union des barreaux, et qui ont fait l'objet d'une journée de protestation le 10 juin dernier sur l'ensemble du territoire national ». Maître Selini a affirmé que les robes noires veulent une justice, dans laquelle elles occuperont une grande place. Dans ce cadre, l'assemblée extraordinaire de l'Union des barreaux, prévue les 21 et 22 juin à Alger, devra décider des mesures à prendre et des actions à engager rapidement pour riposter à la situation de stand-by dans laquelle est figée la chancellerie, refusant tout dialogue avec les avocats. La crise risque à ce rythme de se prolonger dans le temps, dont les conséquences ne sont assumées que par les justiciables.