Par familles, par groupes de jeunes, filles et garçons, adultes et retraités, tous en quête d'airs provenant de la lointaine Andalousie, adoptés et transmis à des générations d'Algériens. C'est la RN1 ou la route de la Chiffa qui accueille ces visiteurs au niveau du beau parc juste après les heures de travail. Les Journées du hawzi reviennent pour le plus grand plaisir des sens et devront durer jusqu'au vendredi 22 juin. L'habitude, cette seconde nature, a ses bons côtés lorsque de grandes personnes retrouvent le sourire, se sentent complices d'un programme et d'un choix de cheikhs et d'associations qui comblent les présents de « touchiate », d'« inqilabate », d'« insirafate », créant quelques mouvements dans les travées. Le public aime et adhère avec une pointe de nostalgie facilement relevée. L'évocation de Nasreddine Chaouli, Nadia Benyoucef, Noureddine Saoudi, Chafik Hadjadj, absents dans le programme concocté par Khalida fera dire à d'autres qu'on ne peut pas tout avoir. Le grand Fergani était là et cheikh Ghaffour viendra pour la clôture. Les costumes sur scène s'exhibaient avec fierté par les membres des associations et c'est tout un pan de la culture vestimentaire algérienne qui se mettait en valeur : karakou, seroual et qat, rehaussés par des diadèmes, des colliers, des bracelets ainsi que les maquillages de circonstance rassurent sur le devenir et la continuité de ces arts, si harmonieusement liés. Après El Hadj Tahar Fergani et son fils, le premier jour, précédés d'artistes de la lointaine Nedroma et des associations comme Essalem, El Fen Oua nachat de Mostaganem et Riadh El Andaloussi de Blida montèrent sur scène, le second jour, devant un public clairsemé, pour cause de coupe d'Algérie, mais la salle se remplira juste après, à l'annonce du passage de Rym Hakiki. El Fen oua El Adab, une association de Blida existant depuis 1963, réussira à présenter de jeunes prodiges dans la première partie du programme de samedi. Son président, Mahieddine Mohamed, issu d'une famille d'artistes, affirmera que l'école qu'il forme au niveau du centre de Bounaâma avec ses trois classes est unique à Blida. Abordant la nécessité de la formation d'artisans dans les métiers de la musique, il confirmera tout simplement que ces artisans existent ainsi que les locaux : « il ne nous manque qu'un budget pour pouvoir nous lancer dans la réparation et l'entretien des instruments ainsi que l'apprentissage de ces arts aux jeunes. »