Pourquoi la création d'une telle association et quelle est sa véritable mission ? Dans notre pays, les personnes âgées bénéficient de l'attention toute particulière de l'Etat, représenté par le ministère de la Solidarité nationale, d'une part, et le ministère de la Protection sociale, d'autre part, pour la mise en place de mécanismes à même de conforter matériellement et moralement la condition sociale de la personne âgée et son plein épanouissement au sein de la société. Pour ce faire, diverses actions ont été réalisées en leur faveur, notamment la gratuité des soins médicaux, l'octroi d'une allocation financière mensuelle aux non-retraités, la possibilité d'hébergement dans un foyer pour les sans-famille et le bénéfice d'une protection sociale initiée conjointement par le ministère de la Solidarité nationale et celui de la Protection sociale sur la base de contrats programmés avec le mouvement associatif tendant à améliorer le vécu quotidien de la personne âgée. C'est dans ce contexte qu'a été agréée en 1990 l'Association d'aide aux personnes âgées pour une prise en charge optimale des besoins sociaux culturels de cette catégorie, ainsi que la définition et la mise en place de moyens adéquats pour y répondre, en collaboration avec le ministère ou les organismes concernés et la société civile. L'Association nationale des personnes âgées n'est pas uniquement une société de bienfaisance où les personnes âgées seraient prises en pitié, car, pour nous, la pitié est la compagne intime du mépris. La composante humaine de notre association s'ouvre sur un large éventail social. Nous y rencontrons le fonctionnaire, l'artisan, l'ouvrier, l'enseignant ainsi que l'avocat ou le docteur. Quels sont vos activités et les champs d'intervention ? Nos activités s'articulent autour de deux axes principaux, à savoir le social et le culturel. Le premier point consiste en l'entretien physique et moral de la personne âgée, et le combat contre sa marginalisation. Notre rôle est aussi de donner la faculté à la personne âgée de continuer à être utile au sein de la société et tenter de promouvoir l'entraide et la solidarité dans les moments difficiles. Sur ce chapitre, notre association a constaté que la conjoncture socioéconomique actuelle a engendré un nouveau phénomène social induit par des femmes en détresse provisoirement, notamment des femmes âgées ou veuves sans logis, nécessitant une prise en charge urgente et adéquate afin d'éviter leur marginalisation dans la société. Concernant le volet culturel, nous organisons souvent des conférences-débats et des visites de sites historiques. Quelle est votre approche en matière de protection du troisième âge ? Notre approche nationale de protection sociale en faveur des personnes âgées consiste en leur prise en charge socioculturelle mutuelle (entre elles), confortées par la participation de la société civile sur la base de programmes multiformes crédibles auxquels l'administration adhère pleinement et à travers la mise en place de textes législatifs améliorant le cadre de vie de la personne âgée ou par l'octroi de subventions complémentaires nécessaires à la réalisation de structures sociales pérennes en leur faveur. L'Algérie a-t-elle élaboré une politique concernant cette frange de la société ? Nous sommes dans l'incapacité de définir une véritable politique globale de la vieillesse ou plutôt du vieillissement, vu le regard porté sur les vieux du fait de les considérer comme étant « des êtres à part », c'est-à-dire des êtres classés par les économistes comme inactifs. Notre société n'arrive pas à donner un sens à la vieillesse, si ce n'est quelques rares réflexions d'élus à l'occasion de festivités ou des décès de nos anciens moudjahidine âgés, que l'on ne va même bientôt plus honorer, ceci n'étant plus original. Mais nous nous interrogeons toujours quant au sens à donner à la vieillesse et aux politiques qui en découlent ? Va-t-on se satisfaire de la situation actuelle ou a-t-on peur du devenir, parce qu'à 60 ans, je peux avoir des projets pour une durée de vie de 30 ans. Il nous faut donc procéder à une révision de notre regard sur la vieillesse et ceci par un apprentissage collectif. Vous arrive-t-il d'accueillir au niveau de votre association des personnes âgées maltraitées par leurs proches ? Jusqu'à l'heure, non. Je suppose que les personnes âgées sont très discrètes et ne veulent surtout pas créer de problèmes à leurs agresseurs qui ne sont autres que leurs proches, à savoir leurs fils, filles, cousins... En somme, ils pensent aux conséquences de leur geste. Que proposez-vous dans ce sens ? L'intégration de nouvelles valeurs propres à la vieillesse, mais profitables à tous, s'occuper de la vieillesse au-delà des retraites, essayer de sortir des modèles uniques, mettre les hommes et les femmes âgés dans la situation de tout le monde et l'adapter à leur spécificité, favoriser les rencontres avec l'autre quel que soit l'âge, il faut être présent dans les instances où se débattent les problèmes de la cité, de la ville, de la nation.