C'est à Rome, puis à Belgrade (Yougoslavie) entre le 1er et le 5 septembre 1956, que, sans doute, pour la première fois, des émissaires du Front de libération nationale ont rencontré un fonctionnaire délégué par le président du conseil Guy Mollet, Pierre Commin. Ce n'était pas à proprement parler des négociations mais un test d'observation qui a vite été oublié des deux côtés. La partie française ayant balayé tout espoir avec le détournement de l'avion qui transportait cinq dirigeants du FLN (Aït Ahmed, Ben Bella, Boudiaf, Khider et Lacheraf). Il faudra attendre septembre 1959 pour une deuxième rencontre entre les deux belligérants. Dans les maquis d'Algérie, la guerre fait rage, le plan Challe, lancé le 5 février 1959, fait des ravages, n'épargnant ni la terre ni ses hommes. De Gaulle parle d'autodétermination le 16 septembre. Les dirigeants du GPRA commencent à espérer. Ils adhèrent à l'idée des pourparlers. Dans une correspondance émise le 28 septembre, les dirigeants algériens demandent que soient reconnues « l'entité nationale » de l'Algérie, « l'unité sociologique » de son peuple et l'intégrité de son territoire. Le 20 novembre, ils désignent les cinq dirigeants détenus pour les représenter aux négociations. Le gouvernement français fait silence. Le 14 juin 1960, il s'adresse aux « dirigeants de la rébellion » et leur propose une formule améliorée de « La paix des braves ». Le GPRA dépêche Ahmed Boumendjel et Seddik Ben Yahia pour « tâter le terrain » à Melun. Ces derniers se rendent vite à l'évidence que le gouvernement français cherche une reddition militaire. Ahmed Boumendjel, Tayeb Boulahrouf, Georges Pompidou et Bruno de Leuss se mettent en contact en Suisse le 4 mars. Ils prennent rendez-vous pour le 30. Mais à la veille de cette date, le ministre Louis Joxe annonce l'intention de son gouvernement de négocier également avec le MNA (messaliste). Le GPRA rejette la rencontre. Messali Hadj annonce qu'il admet le principe de la représentativité unique du FLN. Le GPRA est reconnu comme tel. Le 11 avril, de Gaulle reconnaît le principe d'une république algérienne et que cet Etat sera « souverain au-dedans comme au dehors ». Entre mai et juillet 1961 d'Evian à Lugrin, le GPRA réaffirmera ce que l'on a appelé les points de rupture : unité du territoire (algérianité du Sahara) ; unité du peuple (pas de statut type pour les Européens, qui aurait conduit à une sorte de libanisation). Le 5 septembre 1961, de Gaulle, dans une déclaration, reconnaîtra enfin l'algérianité du Sahara. Dans le plus grand secret, des contacts sont repris. Les négociations achoppent sur un certain nombre de points, notamment la durée de la période qui doit séparer les accords de l'organisation du référendum, le nombre de bases à concéder, la composition de l'Exécutif provisoire et les garanties à accorder aux Européens. Dans une allocution comme toujours radiotélévisée le 5 février, de Gaulle renonce à la création d'une minorité institutionnelle. L'unité du peuple algérien est enfin reconnue. Le 7 mars 1962, les délégations algérienne et française se rencontrent à Evian. Le 18, les chefs de délégation signent le document historique. Le 19 à 12h, les armes se taisent.