Finalement, le maire l'a fait. Il l'a même agréablement fait pour compenser plus d'une quarantaine d'années d'oubli, et se permettre même le luxe de mettre un point final à toute éventuelle dégradation d'un patrimoine plus universel que local. Ainsi, les tableaux de l'hôtel de ville, dont tout le monde parle sans jamais les admirer, sont définitivement répertoriés et édités dans un livre qui les valorise d'ailleurs merveilleusement. Le livre, intitulé Les peintures de l'hôtel de ville de Skikda, fera d'ailleurs l'objet, aujourd'hui, d'une grande réception pour le présenter officiellement. C'est dire l'intérêt que porte l'APC à cette initiative qui a de tout temps germé dans les esprits des amoureux de l'art et de Skikda. Dans sa préface, le maire ne cache pas sa satisfaction, légitime et méritoire, somme toute, pour écrire : « Les tableaux de peinture dont dispose l'hôtel de ville, sont des œuvres de peintres de renommée mondiale. » Et il n'a nullement tort, au vu des signatures portées sur plus d'une centaine d'œuvres. On y trouve des toiles de Jean-François Raffaelli, Maurice Utrillo, Adam Styka, pour ne citer que ces grands maîtres très cotés aujourd'hui dans le monde des arts. Le livre, écrit dans les deux langues, a été mis en pages après de grands efforts consentis par le Dr Nouar Ahmed, qui aura passé des mois, plongé dans les archives communales pour retrouver les traces de toutes les œuvres. La qualité de l'impression, très réussie, a valorisé celle artistique des toiles. Chaque œuvre est mise en exergue par des références ayant trait à son auteur et autres détails le concernant. L'auteur n'a rien oublié et a passé au peigne fin toute œuvre picturale se trouvant dans l'enceinte de l'hôtel de ville. Les toiles, les tapisseries de grande valeur, les panneaux décoratifs… Tout est désormais répertorié et porté sur le livre. Cette initiative, qui doit être grandement saluée, ne devrait pas pour autant clore le chapitre de ces œuvres en versant dans l'autosatisfaction. Une continuité est nécessaire et devrait emmener les responsables locaux à penser déjà à faire sortir ces toiles de leur « ghetto doré » pour les rendre visibles et accessibles à tout le monde. Et puisque l'APC délogera bientôt l'état civil de l'hôtel de ville, pourquoi n'utiliserait-elle pas cet espace pour en faire un musée où, Skikdis et touristes viendraient s'imprégner de l'aura de l'art pictural. Allez, courage monsieur le maire !