Cette action, bien que tardive, permettra de sauvegarder un patrimoine dont la valeur universelle n'est plus à démontrer. Désormais, les tableaux de l'hôtel de ville seront à l'abri. Le ministère de la Culture a finalement pris les choses en main en décidant de les classer, ce qui n'est en fait qu'une reconnaissance, aussi tardive soit-elle, de cette richesse. L'information est passée presque inaperçue, avant que la publication du journal officiel du mois de décembre 2009 ne vienne confirmer la bonne nouvelle. Ainsi, ni l'APC ni aucune autre institution locale n'aura la latitude « jouer » ou de « perdre » ce patrimoine dont la valeur universelle n'est plus à démontrer. La réaction du département de Khalida Toumi a été motivée, selon des sources proches de la direction de la culture, par les malheureux et successifs incidents qui ont concerné la collection des œuvres de l'hôtel de ville. Un incendie, suivi d'un vol, ont réveillé les consciences des décideurs qui ont fini par admettre que la collection de Skikda n'était pas à l'abri d'autres dégradations et que son classement devenait indispensable. C'est donc par arrêté ministériel du 10 novembre 2009, portant classement des biens culturels mobiliers protégés, paru dans le journal officiel n° 77 du 29 décembre 2009, que le ministère de la Culture classe l'ensemble des tableaux. L'arrêté cite dans son premier article le classement des tableaux, et dans un deuxième il ajoute que « le ministre chargé de la culture notifie l'arrêté de classement au président de l'assemblée populaire communale de Skikda, détentrice de ces biens ». Cet article met ainsi fin aux craintes infondées de plusieurs élus locaux qui s'étaient attaqués à la presse lors de l'incendie survenu le 13 janvier 2009, ayant détruit pas moins de sept toiles. A cette époque, on accusait la presse de chercher, à travers ses écrits, à délocaliser la collection locale. Donc, le ministère de la Culture vient de rappeler que ces œuvres restent la propriété de l'APC de Skikda, mais leur classement leur assurera plus de considération et plus de sécurité. L'arrêté ministériel est joint d'une liste complète des œuvres mentionnant l'intitulé de chaque tableau, son état, sa provenance et le lieu de son dépôt. Le classement des tableaux de l'hôtel de ville, même si quelque part il représente un « mea culpa » des responsables de la culture, reste néanmoins un acquis indéniable. Mais le classement en lui-même ne peut assurer la pérennité de ces œuvres, et il suffit juste de se rappeler que la collection de Skikda s'est vue amputer de pas moins de 8 toiles : sept ravagées par l'incendie survenu le 13 janvier 2009 et une autre portée disparue. Donc, dans sa volonté d'assurer des conditions idéales pour la préservation de ces œuvres, le ministère de la Culture a relancé, pour cette année, la réalisation d'un musée régional à Skikda qui servira, entre autres, à abriter et à exposer l'ensemble des tableaux. Erigé selon les normes universelles propres à ce genre d'espaces, le nouveau musée, dont l'étude a été achevée, aura ainsi à garantir la sécurité des toiles et surtout à les exposer en permanence afin de permettre aux habitants de Skikda et aussi aux visiteurs étrangers de contempler enfin ces œuvres dont on parle toujours mais qu'on ne voit jamais. Une enveloppe assez conséquente a donc été allouée par le ministère de la Culture pour assurer la réalisation et l'équipement de cet édifice, dont les contours architecturaux futuristes apporteront certainement un plus dans le paysage urbain de Skikda. En plus de ces acquis, le secteur de la culture dans la wilaya de Skikda devra, a priori, bénéficier d'autres classements dans les mois à venir. On laisse déjà entendre que des dossiers relatifs au classement de l'îlot de l'hôtel de ville (l'ensemble des bâtisses allant de l'hôtel de ville à la Grande poste) ont déjà été transmis à la tutelle, et que leur classement ne saurait tarder. Ce sera certainement un autre acquis pour Skikda, car la culture c'est aussi la préservation et la protection du patrimoine local.