Les deux jours de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, tenues lundi et mardi dans la banlieue new-yorkaise de Manhasset, ont pris fin sans résultat probant et encore plus spectaculaire. Il aurait d'ailleurs été naïf d'attendre de ce rendez-vous , il est vrai important, plus qu'il n'en fallait, puisque chaque partie a réitéré ses positions même si la feuille de route élaborée par la résolution 1754 d'avril dernier du Conseil de sécurité, est d'une extrême clarté. Les deux parties en conflit sont, en effet, invitées à ouvrir « des négociations sans conditions préalables, de bonne foi, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois, en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental ». Ce que seul le Maroc refuse de comprendre puisqu'il persiste à vouloir imposer sa vision du vote confirmatif de son occupation du Sahara-Occidental. Le blocage se situe à ce niveau, mais, en tout état de cause, ni l'ONU ni les deux parties n'ont dressé un constat d'échec puisqu'un nouveau rendez-vous est pris pour la deuxième semaine d'août prochain, au même lieu, pour poursuivre leurs travaux, a annoncé, mardi soir, M. Peter Van Walsum, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU qui a supervisé ce qui constitue donc un premier round. On notera aussi la participation du représentant spécial de Ban Ki-moon pour le Sahara-Occidental et coordinateur de la Minurso, Julian Harston. Les négociations directes qui ont impliqué les seules délégations marocaine et sahraouie, qui ont travaillé en séances restreintes et à huis clos, ont vu la présence des délégations algérienne et mauritanienne, en leur qualité de pays voisins et d'observateurs, comme retenu dans les accords signés (en 1997 et 2003) sous l'égide de l'ancien secrétaire d'Etat américain et précédent envoyé personnel du secrétaire général, James Baker. Le communiqué sanctionnant les négociations des 18 et 19 juin rappelle d'ailleurs ce que l'on appelle des négociations selon le format Baker, c'est-à-dire des négociations entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, sous les auspices du secrétaire général de l'ONU, alors que les représentants des pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, avaient assisté aux seules séances d'ouverture (lundi en fin de matinée) et mardi soir et « ont été consultés séparément » sur des questions les concernant. Il serait prématuré de dégager un quelconque bilan, tant la question paraissait difficile. Mais d'aucuns n'hésitent pas à parler de « succès relatif » signifiant à la fois, un véritable lancement du processus de négociations, puisque les négociateurs se sont mis d'accord pour poursuivre les discussions et ont retenu une date et un lieu. L'autre « fait positif notable », selon les mêmes observateurs, est que les négociations se sont déroulées conformément à la résolution 1754 et ont respecté le format Baker. « Avec un prochain round fixé à la deuxième semaine d'août, c'est-à-dire dans près de deux mois, cela signifie que le processus de négociation à bel et bien démarré entre deux parties en conflit clairement identifiées et que le format Baker a été respecté puisque les deux pays voisins ont été informés du déroulement des discussions et consultés chaque fois que nécessaire », a fait remarquer à l'APS un diplomate proche des négociations. De l'avis de nombreux analystes à New York, les termes du communiqué diffusé à l'issue des négociations marquent bien « un succès relatif » de ce premier round avec la volonté partagée de poursuivre les négociations, de prendre rendez-vous pour le prochain round et, surtout, de donner un cadrage au processus en cours qui inscrit son action dans la dernière résolution du Conseil de sécurité. En reprenant pour l'essentiel les dispositions de l'article 2 de la résolution 1754, le communiqué consacre, appuie et respecte l'égalité de traitement des propositions et initiatives soumises en avril dernier au secrétaire général de l'ONU, fait-on remarquer. En attendant la reprise, le point de vue de l'ONU sera lui aussi important puisqu'un rapport sera adressé au Conseil de sécurité par le secrétaire général à la fin de ce mois, soit entre les deux rounds. Il est donc attendu que le communiqué constituera l'essentiel de la substance de ce rapport d'étape que Ban Ki-moon aura à présenter comme le stipule la résolution 1754. Là est donc l'essentiel de ce rendez-vous. Qu'en sera-t-il de la prochaine phase, et surtout que fera l'ONU pour rendre justice au peuple sahraoui privé de ses droits les plus élémentaires ?