C'était prévisible, le peuple sahraoui, las d'attendre, veut reprendre les armes pour arracher son indépendance. S'il est vrai que le Front Polisario privilégie encore l'option diplomatique, il n'en demeure pas moins que la reprise de la guerre n'est pas à écarter si les futures négociations viennent à échouer. Telle est la décision qui a été prise hier par le Front Polisario à la clôture de son 12e congrès qui s'est tenu depuis le 14 décembre à Tifariti (territoire libéré du Sahara occidental), en menaçant de reprendre « les hostilités militaires » contre le Maroc en cas d'échec des négociations en cours sous l'égide de l'ONU. La priorité est à la solution pacifique et aux négociations, mais celles-ci doivent être limitées dans le temps », a déclaré M. Abdelaziz dans un entretien à l'APS, désormais SG pour un 9e mandat du Front Polisario. Cette option (la reprise de la lutte armée) devrait être prise par le Front Polisario lors d'un congrès extraordinaire prévu dans six mois, selon une source sahraouie. Le président sahraoui a relevé pour sa part que « de nombreux délégués au congrès ont affirmé qu'attendre plus d'une année encore sans avancée réelle dans les négociations serait inacceptable ». « Nous reprendrons la lutte armée une fois que nous aurons la conviction que les choses n'avanceront pas, que le Maroc ne veut pas d'une solution pacifique et que l'Onu aura échoué à faire aboutir le processus de décolonisation du Sahara occidental », a-t-il précisé. C'est dire que le prochain round des négociations à Manhasset, près de New York, prévues du 7 au 9 janvier 2008, s'annonce décisif quant au processus de paix au Sahara occidental. Deux rounds de négociations se sont déjà déroulés dans la même ville new-yorkaise sans qu'aucune avancée papable ait été enregistrée. Le Maroc fait capoter à chaque fois ces négociations en mettant en avant sa proposition d'autonomie pour le Sahara occidental sous la souveraineté marocaine. Cela étant, cette fuite en avant marocaine n'est pas pour faire fléchir le Front Polisario qui a décidé de prendre part à ce troisième round des négociations directes à Manhasset en émettant le « vœu sincère que le Maroc ne laissera pas passer cette précieuse occasion pour une paix juste et définitive », indique la déclaration finale du congrès de Tifariti. Dans ce cadre, le Front Polisario n'omet pas d'avertir que « dans le cas contraire, le gouvernement marocain assumera pleinement les conséquences qui découleraient de l'échec du processus de négociations, notamment la reprise des hostilités militaires ». Un consensus est semble-t-il dégagé entre les 1725 congressistes ayant pris part au 12e congrès quant à l'option de la reprise de la guerre dans le cas où le Maroc camperait encore sur son intransigeance et son refus d'organiser un référendum d'autodétermination. En ce sens, ce n'est pas par hasard que dans la résolution adoptée par le congrès, le Front Polisario a recommandé à toutes ses parties prenantes de « mettre en priorité des priorités l'Armée populaire de libération sahraouie (ALPS), de façon à lui fournir tout ce dont elle a besoin, moralement et matériellement, et d'augmenter ses capacités combatives ». Le congrès a aussi instruit « la nouvelle direction » du Polisario à « procéder à une évaluation exhaustive des négociations en cours, en tirer les conclusions qui s'imposent et prendre les mesures et décisions appropriées en défense des droits légitimes du peuple (sahraoui) à l'indépendance ». Le Front Polisario dénonce « l'attitude de l'Organisation des Nations unies qui, en dépit de seize ans de présence sur le terrain, n'est pas parvenue à s'acquitter de ses obligations et à assumer ses responsabilités dans l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental ». Le référendum était prévu dans le plan de règlement de l'ONU, accepté par le Front Polisario et le Maroc en 1991. En abordant, à travers l'examen et l'analyse, la mise en application du plan de règlement, le congrès a souligné qu'« en dépit de la coopération dont a fait montre le Polisario et des concessions majeures, le Maroc a poursuivi sa politique d'intransigeance, de tergiversation et de fuite en avant, aidé en cela par des forces étrangères », est-il souligné dans la déclaration finale. Le Maroc « a renié et rejeté les accords qu'il avait acceptés et signés avec la partie sahraouie sous l'égide des Nations unies, refusant par la même occasion la tenue du référendum d'autodétermination », a dénoncé le Polisario. Le congrès a demandé aux Nations unies et au Conseil de sécurité de « jouer pleinement leur rôle et d'assumer leurs responsabilités en exerçant les pressions et en appliquant les sanctions qui s'imposent sur le Maroc pour mettre fin à son intransigeance, à ses multiples provocations et à ses vaines tentatives visant à imposer des pseudo solutions (d'autonomie) en totale contradiction avec le droit international ». En attendant, le Maroc continue à réprimer et à s'acharner contre les populations civiles dans les territoires occupés du Sahara occidental.