Je n'ai jamais pensé que mes modestes écrits — que j'assume totalement du reste — pouvaient déclencher une vague de haine et un chapelet de grossièretés et d'accusations aussi ridicules les unes que les autres. De ma petite carrière de 13 années d'exercice du métier de journaliste — je dis bien de journaliste, n'en déplaise à Louiza Hanoune —, je n'ai jamais subi une telle furia vengeresse. Jamais lynché aussi vulgairement et aussi publiquement par un homme politique. Cela me désole terriblement. D'autant plus qu'il s'agit là d'une femme et, à ce titre, j'encours le risque de me voir accusé de misogynie. Mais là, franchement, c'en est trop ! Bien que ce soit toujours avec plaisir que je recevais et reçois encore les remarques, les critiques et parfois les coups de sang de mes lecteurs, estimant que le contrat de confiance qui me lie à eux est tellement fort pour me soustraire à cet exercice professionnel, Louiza Hanoune a vraiment dépassé les règles de la bienséance. Je ne peux me taire face aux insanités qu'elle a voulu me coller et en conférence de presse ! Mon péché ? Avoir osé une lecture politique sur le parcours de son parti. C'est tout ! Mais cela lui a suffi pour épancher son fiel sur ma personne. Je serais donc un membre d'un « groupuscule », puis d'un « parti » et enfin un « agent » patenté des Etats-Unis. Rien que ça ! Mais qu'attendez-vous madame pour abattre votre sentence en désignant à l'opinion l'identité de ces chapelles dans lesquelles vous m'enfermez ? Bien que ce ne soit ni une maladie professionnelle encore moins une tare pour un journaliste d'être un militant d'un parti, je vous défie, madame, de dire ce que vous prétendez savoir de ma petite personne. S'agissant de l'accusation d'être un agent des USA, j'ai vraiment envie de rire. Cela me rappelle la tristement célèbre « main de l'étranger » qui a fait tant de ravages du temps de la glaciation. Objection de conscience ou pratiques inquisitoriales ? Honnêtement, ces « machins » que vous me collez me déçoivent beaucoup, moi qui soupçonnais chez vous — femme politique — une grande épaisseur intellectuelle et un esprit aigu de la répartie. J'avoue être choqué. Mais, diantre, de quel droit vous vous prévalez, Madame, pour vous autoriser à ce genre de raccourcis gratuits, qui plus est, dépassés, y compris dans le discours politique du pouvoir ? Sincèrement, j'aurais pu ne pas m'arrêter à vos accusations infondées et pour le moins très terre à terre pour un homme politique, comme me l'ont suggéré mes collègues. Mais, pour l'histoire, j'ai pensé, un temps, vous traîner devant la justice pour répondre de vos graves déclarations dont je détiens l'enregistrement. Réflexion faite, j'ai finalement décidé de ne pas vous donner l'occasion de développer un sentiment de persécution, vous qui adorez jouer la victime. Non madame, je ne vous donnerai pas l'opportunité d'alimenter un peu plus votre populisme qui, décidément, déborde par les temps qui courent. Cela, même si vous êtes, pour quelque temps, dans les bonnes grâces du pouvoir. Je ne comprends pas comment, si intelligente que je vous croyais, vous puissiez pousser l'outrecuidance jusqu'à conclure que je serais un suppôt des Américains, par le simple fait que mon journal a publié mon reportage sur les USA quelques jours après l'article concernant votre parti ? Là, j'aimerais faire trois remarques. Objection de conscience ! Premièrement, votre réaction prouve que vous n'avez même pas lu le reportage qui est exactement le contraire de vos malheureuses assertions. Deuxièmement, sachez, madame que plus de 50 journalistesalgériens ont été invités par le Département d'Etat — que vous connaissez bien — à ce stage. Tous ces gens-là devraient donc être des journalistes à la solde de Bush ? Troisièmement, vous me reprochez de n'avoir pas parlé des victimes de l'ouragan Katrina. Mais, pour qui vous vous prenez Madame ? A ce que je sache vous n'êtes pas ma directrice ou ma rédactrice en chef pour me dicter ce que je dois faire ! Je ne suis pas non plus un envoyé spécial du Parti des travailleurs dont je respecte les militants sincères. Gardez donc vos conseils à vos troupes Madame. Voyez-vous, votre raccourci mène tout droit vers l'impasse. Vous avez raté une belle occasion de vous taire. Moi, agent des USA ? J'abhorre au plus haut point le discours patriotard stérile qui se nourrit de simples incantations. J'aimerais vous conseiller tout de même d'interroger mes collègues journalistes algériens qui étaient avec moi à Washington ou les cadres du Département d'Etat, peut-être pourriez-vous trouver des pièces à conviction pour mieux étayer votre piteuse plaidoirie. Rassurez-vous, madame, je ne suis pas un parvenu, un vendu comme vous le prétendez pour vendre mon âme. J'appartiens à cette race de vaillants montagnards forgés dans la dignité, la résistance et le courage. Vous me donnez l'occasion de remercier ces Américains du département d'Etat de m'avoir permis de leur dire ce que je pense d'eux en live, pas loin du bureau de Condoleezza Rice ! Si ces gens-là réagissaient aussi « épidermiquement » que vous le faites, ils m'auraient sans doute emmené tout droit vers le sinistre Guantanamo. Les Américains ne l'ont pas fait. Ils sont trop attachés à la liberté d'expression pour clouer le bec à un journaliste, fut-il, du Tiers-Monde. Voyez-vous madame, vous m'avez intenté un faux procès. Vous m'avez collé de fausses étiquettes. Gratuitement. Si j'ai décidé d'utiliser cet espace de libre débat, c'est pour vous prouver que je n'exploite pas les colonnes de mon journal comme vous le dites. C'est juste pour vous signifier que je n'ai absolument pas peur de vous et que je ne laisserai pas passer sans broncher les inepties que vous avez débitées sur mon compte. Et en matière de main de « l'étranger » que vous agitez à tort et à travers, dois-je vous rappeler, Madame, que vous avez été la première à internationaliser la question algérienne sous les auspices de la communauté catholique de San-Egidio. Vous conviendriez que vous êtes mal placée pour me donner des leçons de patriotisme. Heureusement, votre « sortie » médiatique a été un coup d'épée dans l'eau, un pétard mouillé aux yeux de ma corporation. Certains collègues, Hakim Laâlam du Soir d'Algérie et Nabil Benali du Jour d'Algérie — que je salue au passage —, sont chargés avant moi de dénoncer vos accusations ridicules. Manifestement, vous êtes habituée, madame, à la petite berceuse médiatique qui vous fait jouer allégrement le rôle de la coqueluche du paysage politique. Votre sens élevé de lynchage médiatique vous pousse même à accoler des épithètes peu glorieuses à certains patrons de presse coupables, accusez vous, d'avoir perçu de l'argent de quelques officines étrangères. Je ne me ferai pas ici l'avocat des patrons de presse qui sont bien outillés pour se défendre, je constate seulement que vous ne cessez d'user et d'abuser de l'hospitalité des colonnes de leurs journaux… ! Vous devez savoir comme moi qu'on ne mord pas la main qui donne… Me concernant, je ne crois pas avoir violé les règles déontologiques en écrivant que votre parti coule des jours heureux avec le pouvoir. C'est du moins ce que je pense en mon âme et conscience. Et tant pis si vous et vos semblables ne partagez pas mes idées. C'est cela la démocratie dont vous vous gargarisez, n'est-ce pas ! Il semble, tout compte fait, que l'ivresse des hauteurs — au propre et au figuré — vous a fait perdre la tête au point de tirer sur tout ce qui bouge dans une autre direction que la vôtre. Mais de grâce, au lieu de distribuer des cartes de patriotisme, vous seriez mieux inspirée de vous apitoyer sur le sort des 30 000 travailleurs qui n'ont pas perçu encore leurs salaires. Là, au moins, vous seriez vraiment dans votre élément. L'autre jour sur les colonnes de notre confrère l'Expression, vous déclariez qu'« il faut moraliser la politique ». Je suis tout à fait d'accord madame, et vous ne croyez pas si bien dire... 19/06/2007