C'est aujourd'hui, au siège de la wilaya, qu'aura lieu la cérémonie qui marquera symboliquement la formalisation de l'accord entre M. Tamri, président de la SGP Matériaux de construction et représentant du ministre des Participations, et M. Khalifa, acquéreur et patron d'Asec Egypte. Ce sera aussi l'occasion de donner le coup d'envoi du chantier en présence d'une délégation forte de 250 personnes, entre Egyptiens, Danois et Algériens, qui effectueront une visite sur site. Auparavant, les parties concernées avaient entériné cette cession au niveau du ministère de tutelle après deux avis d'appel à manifestation d'intérêt national et international lancés par la SGP, le 1er mars 2004 et le 22 janvier 2006. L'Algérie a donc fini par trouver preneur dans cette affaire et si son choix s'est porté sur Asec Egypte, ce serait pour des raisons économiques, avance-t-on. Pour s'être défaite de ses principaux concurrents, les Saoudiens qui étaient en pole position eu égard à l'étude de mise en place réalisée par Polysius, un bureau d'études allemand, il a fallu à Asec placer la barre haut. A ce jour, on ignore le montant de l'enveloppe. En revanche, le différentiel positif qui a permis à Asec d'empocher ce contrat alléchant serait de deux millions d'euros. Outre cet élément d'appréciation déterminant, Asec Egypte a également adhéré, sans coup férir, à une autre obligation conditionnelle, à savoir prendre ce projet dans son entièreté. Au contraire des autres soumissionnaires dont l'offre s'est limitée à postuler dans le cadre d'un partenariat seulement, autour de 70%-30%. Pour en savoir plus sur cet investisseur, il appartient au groupe Asec Automation qui est une société franco-égyptienne depuis 2001, formée aussi de deux compagnies françaises CAT II et Cindi. A noter qu'en plus d'être présente en Egypte, Asec est déjà actionnaire avec l'ERCO dans la cimenterie de Zéhana et possède deux autres usines au Soudan. A l'origine, la raison sociale de ce groupe consistait en l'entretien et la remise en état des cimenteries, particulièrement dans les segments électrique, automatique et de l'instrumentation avant de passer au stade de la gestion en toute propriété. Pour la réalisation de cette usine et, plus tard, la commercialisation des produits y découlant, Asec envisage la création d'une filiale de droit algérien sous la dénomination d'Asec Algérie. Par ailleurs, ce projet a commencé par des prospections géologiques des matières premières dans la wilaya de Djelfa en 1973. D'autres prospections ont été effectuées par la firme française Lafarge en 1975 et 1979 sur les calcaires du Djebel Senalba et sur les roches argileuses d'El Mekimène. En 1984, sous l'égide de l'ENDMC, la firme soviétique TSE prend le relais hors du site de Djebel Senalba, réservé à la plantation de pins d'Alep, et réalise les essais technologiques sur les calcaires du Djebel Gharbi et les argiles du gisement de Aïn M'seka. Lourd investissement Le projet est ensuite transféré à l'ERCC en 1989 et, après une revalorisation des prix du ciment en 1993, le dossier de faisabilité est enfin soumis au CA et à l'AG des actionnaires qui ont donné l'aval pour la construction d'une usine à Aïn El Bel. Une filiale dénommée Hauts-Plateaux Matériaux de Construction (HPMAC) est alors créée en 1994 avec pour objectif principal la réalisation de l'usine. Conformément au décret 97-321 portant zones à promouvoir, le projet proposé au partenariat bénéficie du régime particulier de l'Andi et donc de la prise en charge par l'Etat, à concurrence de 50%, des travaux d'infrastructure. Après la dissolution de HPMAC en 2003, il est rattaché au groupe Matériaux de Construction. Avant cela, HPMAC avait parachevé les recherches géologiques des gisements de matières premières et découvert de nouveaux gisements sous-dosés, extensibles et plus rentables. Cela au vu de réserves importantes. 100 788 000 t de calcaire à Djebel Gharbi et 18 000 000 t, 16 000 000 t, 16 240 090 t et 27 444 709 t d'argile, respectivement à Benâam, Benyagoub, Benhamed et Oued S'deur ainsi qu'un gisement de gypse à Dar Chioukh d'une réserve de 13 914 000 t. Cette entreprise éphémère avait réalisé également les études de procédé et de choix de la ligne technologique, les études d'exploitation des carrières, après avoir acquis les terrains pour la ligne de production et la cité ouvrière, obtenu les autorisations d'exploitation des gisements et réalisé les travaux d'infrastructures : des terrassements, deux forages de 22 l/s, une ligne de moyenne tension de 30 KV et des travaux de VRD. L'investissement étant lourd, 20 milliards de dinars dont 70% représentent la part en devises et la politique de privatisation aidant, il était devenu impératif de prospecter une source de financement auprès d'investisseurs privés. Asec n'aura plus qu'à acheter en définitive les titres miniers pour que la boucle des conditions favorables soit bouclée et se lancer directement dans la réalisation de l'usine. A ce titre, deux équipes spécialisées en mines et géologie et en génie civil sont déjà sur le théâtre des opérations depuis 10 jours. Une fois mise en route, l'usine produira au démarrage 1,5 million de tonnes de clinker par an pour les deux premières années et 3 millions ensuite, loin en hauteur de ce qu'aurait produit HPMAC dont la capacité théorique à plein régime était d'un million de tonnes seulement. Les produits, les ciments CPA, CRS, CPJ et éventuellement du ciment spécifique pour Sonatrach, selon que la demande soit rentable pour Asec, seront obtenus par voie sèche. Les équipements seront fournis par LSF, un équipementier danois qui a fait ses preuves dans les usines de Aïn Touta et Tébessa et dont les machines sont supersophistiqués et non polluantes. Néanmoins, il reste que dans le registre de la pénurie, la situation ne semble guère changer et ne cesse d'empirer en termes de raréfaction du produit et des prix prohibitifs (530 à 560 DA le sac actuellement.) Du jamais vu ! Pourtant, Orascom produit 4 millions de tonnes, parallèlement aux usines publiques. C'est dire que la cession du tissu industriel à 100% qui offre au propriétaire étranger le droit de décider des prix et des quantités destinées à l'exportation et qui, a contrario, ôte le droit de regard à la partie algérienne, n'est pas forcément la meilleure trouvaille. Pour preuve, a-t-on une idée sur les exportations d'Orascom ?