Il est clair que les moins de vingt ans parmi les Constantinois ne peuvent avoir une idée de la magnificence qu'évoquent encore chez leurs aînés les bassins et la piscine de Sidi M'cid. C'est à peine croyable d'imaginer qu'un lieu aussi joyeux et animé qu'il a été par le passé, soit réduit au silence et à la désolation. Espace de plaisance par excellence, les bassins de Sidi M'cid ont été conçus en tant que tels en 1916 pour pallier au mal de la mer que la Grande Bleue excerce, l'été venu, sur les habitants d'une ville, qui n'a jamais manqué d'attraits elle aussi, mais plutôt de fraîcheur, a fortiori, en temps de canicule. La « petite » pour désigner le petit bassin d'une vingtaine de mètres où coulait une cascade d'eau provenant des rochers escarpés, dont la vue en contre-plongée est à couper le souffle. Les senteurs du figuier dont l'ombrage protégeait la source des rayons du soleil, chatouillaient agréablement notre réceptivité olfactive. Le second bassin appelé Brimo, phonétique altérée de primo, était le réceptacle où les champions en herbe de la natation constantinoise apprenaient les rudiments du crawl et de la brasse. C'était en quelque sorte l'anti-chambre de la piscine olympique située à deux cents mètres plus haut, sur le même site .Celle-ci, pourvue de gradins sur les deux flancs et peinte d'un blanc immaculé, en contraste avec l'eau turquoise du bassin, offrait une vue féerique. Elle avait vu défiler nombre de champions de dimension internationale dans les deux principales disciplines nautiques : la natation et le water-polo. Les Yahiouche, Oumamar, Menaceri et Benyahia pour ne citer que ceux-là ont grandement contribué à donner leurs lettres de noblesse à ces deux disciplines sportives. En contrebas de la piscine olympique se trouve une imposante bâtisse, style colonial, appelée Le Palmarium, une sorte d'Olympia local où se sont produits, dans les années 1950-1960, les grands crooners de la chanson française tels que Aznavour, Nougaro, Dalida et autres de moindre renommée. Aujourd'hui, après une décennie d'inactivité, autant dire chronique, la piscine de Sidi M'cid est devenue un repaire de malfrats de tout acabit. Pourtant, les bassins sont toujours là, ils ne demandent qu'à être remplis. La nature est toujours là, aussi somptueuse, et elle ne demande qu'a être réhabilitée. L'APW et l'APC gagneraient beaucoup à s'en occuper pour un tant soit peu mieux être de leurs « administrés ».