Du forum Euromed de Berlin, cette mi-juin, énième séquence où des journalistes et experts des médias des rives Nord et Sud de la Méditerranée viennent exposer des points de vue divers sur comment organiser et promouvoir une communication constructive et de bon voisinage, deux interventions au moins doivent être répercutées et continuer d'être discutées. Même si un évitement tout « diplomatique » a tendu à en réduire la charge d'enjeux de débat contradictoire ; évitement succédant, soulignons-le, à une quinzaine d'années de compromissions envers l'idéologie islamiste et sa barbarie de la part de larges franges de consciences et décideurs occidentaux. Avant l'horreur du 11 septembre 2001 américain. Cet incontournable débat contradictoire tient de lancinantes questions, souvent éludées en rencontre internationale : comment gérer à travers les médias les scories charriées par l'idéologie de l'islamisme politique ; a-t-on le droit moral de lui fournir promotion à travers les médias, même si c'est dans des formes insidieuses ; quelles sont les capacités réelles des groupes, milices ou militaires, à imposer aux sociétés dite de l'aire musulmane (mais au-delà aussi comme on le voit en Europe aussi) tout un code de vie et sa nouvelle pensée unique d'embrigadement ? Même si, pour les raisons invoquées, toutes ces questions n'ont eu qu'une part réduite du séminaire, d'autres pistes ont cerné l'axe des défis et réponses à apporter à un journalisme fondateur de rapprochement entre les cultures de la région. Une moisson d'idées fécondes en a été faite, si subtilement et efficacement suscitées par l'organisateur et hôte ministère allemand fédéral des Affaires étrangères, en partenariat avec l'union européenne et la fondation Friedrich Ebert. La pensée unique islamiste et le terrorisme généré continuent de tarabuster l'Algérie, y compris sous des formes d'économie de bazar. Le « tout marché » de la globalisation dans lequel sont entrées les sociétés de l'aire musulmane, dans un naturel confondant, se trouve en synergie directe avec les télévisions panarabes, passées du giron saoudien essentiellement, avec MBC, lancée, à Londres, dès 1992, à Al Jazeera, propriété de l'émir du Qatar. Elle aussi née à Londres, en 1995, avant de déménager à Qatar, poste stratégique élu en même temps relais avancé de la guerre déclenchée par le Pentagone US contre l'Irak. Dans leur concurrence actuelle pour le leadership de dire « la bonne lecture » non seulement de l'Islam, mais aussi de ce que les « fous de Dieu » en font dans leur barbarie, en particulier dans des pays comme l'Algérie, le Liban, mais aussi plus crucialement encore la Palestine actuelle, l'idéologie du wahhabisme en est le moulinet. L'Arabie Saoudite a dû se mettre en repli ; en tout cas elle ne marque pas sur ces questions les forums internationaux. C'est ainsi qu'à Berlin, à côté du représentant du groupe de télévision public British Broadcasting Television (BBC), et journaliste de profession, s'est retrouvé un porte-parole d'Al Jazeera. Pour être porte parole légitime aussi, s'est il cru, de « nos différences », par rapport aux Occidentaux. Le souci du journaliste de BBC a été d'être tout en nuances, cultivant ce que l'on appelle le doute méthodologique appliqué à une profession à haut risque : celui de pouvoir se tromper, et du devoir subséquent d'y remédier – en particulier par le respect vigilant d'un arsenal de règles d'éthique. Le journaliste de la BBC - même si c'est avec du retard d'une Grande-Bretagne qui a abrité et couvé les centres productifs idéologiques de la barbarie intégriste -, a appris et mis en discussion au moins une leçon : l'intégrisme n'est pas une « opinion », comme une autre ; lui faire de la promotion, c'est cultiver sa propagande. Voire, comme faire apologie du crime. Lui a succédé à la tribune, dans un naturel désarmant de représentation commerciale, le responsable de la télévision panarabe Al Jazeera ; qui a consacré, quasiment in extenso, son exposé au chiffre d'affaires de la boîte, devenue firme multinationale, avec version déclinée en anglais, et écrémage par cachets alléchants de journalistes stars du monde arabe. Réussissant le tour de passe-passe d'être propriété d'un émir la subventionnant, et commerciale – pour sa façade « d'indépendance », version sujets hors émirat du Qatar. En ne soufflant mot sur les questions d'éthique, ni de doute, d'humilité sur comment cette télé pourrait s'articuler aux problèmes actuels du monde musulman. Le représentant de la chaîne n'a pas eu non plus en tête, en servant son exposé, les nombreuses questions soulevées dans le monde sur le traitement journalistique que la télévision continue d'administrer aux conflits où sont directement impliqués des groupes terroristes se revendiquant de l'islamisme au nom de la libération. De la salle, après son exposé promotionnel, ont bien sûr, heureusement, été pointées notamment les récentes « opérations » d'Algérie promues par Al Jazeera au rang d'actes de « guerre civile », auréolant le GSPC algérien affilié en succursale à El Qaïda. Al Jazeera a toutes les raisons commerciales de persévérer dans sa logique de promotion du terrorisme – devenu produit d'annonce lucratif -, tant qu'au moins les gérants du système ENTV gouvernemental restent sourds et muets face aux réalités d'Algérie. Reste, pour donner le change, à suivre le wahhabisme dilué à l'eau de rose de MBC.