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Guerre ou paix ?
Méditerranée, Education et Culture
Publié dans Liberté le 28 - 06 - 2010

Notre monde vit une crise multidimensionnelle. Premièrement : morale et politique, deuxièmement : économique et troisièmement des ressources. Une époque marquée par l'incertitude. Sur le plan régional, c'est l'affaiblissement de la culture commune méditerranéenne, voire sa remise en cause alors qu'elle était caractérisée par la symbiose, l'interaction et la diversité. Au Sud, les promesses de l'indépendance n'ont pas été toutes réalisées, l'incontournable Union du Maghreb est en panne et les jeunes sont dans l'attente de dynamiques de changements fondées sur les critères de compétence, d'intégrité et d'engagement. Au Nord, le progrès matériel et les acquis dus à la technoscience ne peuvent occulter les impasses.
Dans le respect de la souveraineté et le sens de la réciprocité, comme l'a toujours pratiqué l'Algérie, le dialogue multiforme autour de la Méditerranée peut ouvrir de nouveaux horizons. C'est la mondialité qui commande.
Les défis communs
Les cultures méditerranéennes étaient nourries par les valeurs abrahamiques et gréco-arabes. Face à la complexité de la crise, aux défis communs qui nous lient, l'accent mérite d'être mis sur le besoin de rebâtir un espace commun. Il y a une prise de conscience que l'avenir du monde se joue en Méditerranée, de par les enjeux, les symboles et l'histoire. On peut même dire aujourd'hui que parfois deux versions de l'humain se confrontent. Deux mondes, l'Islam et l'Occident, pourtant tellement imbriqués et liés, que les extrémistes de tous bords, à tort, veulent diviser, séparer, isoler, opposer, comme s'ils étaient des blocs monolithiques inconciliables. La culture est vecteur de l'échange et de la confrontation des idées et des manières d'envisager l'avenir, elle doit être privilégiée.
Au sujet de l'UPM née en 2008, définie comme “Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée”, il y a consensus pour affirmer, après que l'UE s'est préoccupée prioritairement de l'Europe de l'Est et que la Politique européenne de voisinage apparaît comme une poursuite de l'unilatéralisme, que c'est une rupture, un nouvel acte politique qui repose la centralité de la Méditerranée et vise au redéploiement au partenariat EuroMed sur les fondations du processus de Barcelone au bilan mitigé. Trois points forts de l'UPM peuvent être mis en avant :
1 - la nouvelle approche est fondée sur le souci de parité, de mutualité et de réciprocité au lieu de l'unilatéralisme ;
2 - proposition de projets concrets de coopération, facultatifs à géométrie variable ;
3 - mise en place d'une Union de projets, avec des financements multiples, sur la base de structures et d'un budget propres avec des politiques spécifiques.
Sur le plan des points faibles, a été souligné le fait que des obstacles majeurs qui ont empêché la réalisation du partenariat EuroMed sont toujours en vigueur. Sur le plan économique et financier, les capacités de financements européens restent très limitées, même si vient de voir le jour Inframed, un fonds d'investissement mixte destiné à financer les projets, qui vise, à terme, à mobiliser 1 milliard d'euros. Sur le plan politique, le non-règlement de la question palestinienne est marqué par l'aggravation de la situation, la poursuite des colonies, la violation du droit international, le blocus des territoires occupés. De ce fait, l'UPM ne peut être le lieu d'une normalisation prématurée avec Israël qui sabote tous les efforts de paix et agit dans l'impunité, paradoxalement, et est indirectement encouragé à persévérer dans l'iniquité par le traitement préférentiel qu'il lui est accordé par les USA, l'UE et l'OCDE au lieu qu'ils prennent les mesures adéquates. Il ne peut y avoir de paix et de sécurité sans justice. La politique du deux poids, deux mesures a atteint des sommets indécents.
D'autres obstacles existent, liés aux contradictions et insuffisances du Nord et du Sud. Le système dominant international et régional qui vise à asseoir son hégémonie s'érige en citadelle et utilise la diversion de l'invention d'un nouvel ennemi en la figure du musulman, notamment depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Il freine la mobilité et la circulation des personnes et fonde sa politique sur la seule base de soucis sécuritaires à sens unique et commerciaux à court terme. Il est contradictoire de vouloir intégrer à l'Europe les économies du Sud de la Méditerranée, tout en restreignant la circulation du Sud vers le Nord.
De plus cette politique met l'accent sur les effets et non les causes des problèmes de notre temps, sur l'idée de centre face à des périphéries, au lieu d'élargir les espaces de prospérité partagée. Les pays de la Rive Nord dans l'intérêt général devraient soutenir avec force les ambitions légitimes de développement et de modernisation des pays de la Rive Sud et ceux-ci ont pour tâche de montrer qu'ils mobilisent à bon escient toutes leurs ressources.
Les contradictions des pays du Sud
sont liées aux difficultés structurelles à améliorer la bonne gouvernance, à s'unir, à mettre en place un partenariat Sud-Sud, à favoriser la concertation et à libérer toutes les énergies humaines dont ils disposent, notamment les jeunes, les femmes et les élites scientifiques intellectuelles et économiques.
L'éducation et la culture ne peuvent qu'être réaffirmées comme les dimensions clés capables de rapprocher les peuples et de faire face aux multiples défis et devenir commun : ceux des guerres de mémoires, des ignorances, de la désinformation, guerres économiques, marginalisation des valeurs morales, spirituelles ou leur instrumentalisation.
Authenticité et progrès
Se pose pour tous une question fondamentale, quelle alternative au recul du droit, au libéralisme sauvage déshumanisant et aux traditions sclérosées ? Comment édifier une nouvelle civilisation humaine, qui fait défaut, fondée sur le sens, la logique et la justice ? Pour nous autres, méditerranéens maghrébins, l'articulation entre l'authenticité et le progrès est vitale afin de ne pas succomber au repli interne ou au contraire à l'uniformisation et à la marchandisation imposée de l'extérieur.
Le besoin d'un agenda Education devrait être un axe-clef de la Méditerranée, car malgré le projet de création d'une université EuroMed à Fès, d'un Centre méditerranéen de la recherche scientifique et d'un Office méditerranéen de la jeunesse, de l'existence de la Fondation Anna Lindh et de l'université EuroMed en Slovénie : la visibilité de l'éducation et de la culture dans les relations EuroMed reste faible.
Tout un chacun sait pourtant que renforcer les réseaux, l'échange des expériences et la coopération est la voie pour réduire les déséquilibres, l'asymétrie entre les deux rives de la Méditerranée et de corriger le recul de l'interconnaissance, les comportements d'exclusion de l'autre et la dépendance. Soutenir les éducateurs et les actions des systèmes éducatifs et culturels est une priorité et urgence pour faire reculer toutes les formes de violence, contribuer au développement, à la transmission des savoirs et réaliser la cohérence entre le spécifique et l'universel, entre la démocratisation de l'enseignement et l'excellence.
Une intelligentsia méditerranéenne
Cette problématique concerne l'ensemble des pays confrontés au fait majeur que l'économie de la connaissance est le levier du développement. Dans ce contexte, l'Université est confrontée à une crise, liée au devenir de son statut de service public et ses relations avec les pouvoirs politiques, économiques et idéologiques. Comment conjuguer l'impératif d'assurer l'adéquation formation-emploi, l'évolution des métiers et la fonction de production de valeurs universelles, scientifiques et humanistes ?
D'autant qu'à l'horizon 2030, pour l'économie méditerranéenne, il y a lieu de créer au moins cinquante millions de postes de travail, afin que le chômage ne s'aggrave pas. Un autre monde plus juste, plus humain, moins inégalitaire devrait être notre projet à tous. Cela est possible, dans le cadre du débat, des échanges et des actions communes entre les deux rives en vue de viser la synergie, l'intense coopération interuniversitaire et édifier une intelligentsia méditerranéenne. Malgré les incertitudes, si on tire les leçons de l'histoire commune et que la priorité au Sud soit celle d'améliorer les relations de l'Etat à la société et au Nord de mettre l'accent sur la dimension de la justice dans les rapports entre les peuples, il restera un avenir pour les héritiers de l'esprit de l'Andalousie.
Réinventer un regard neuf sur soi-même, autrui et le monde, dans une démarche intransigeante, qui implique le droit à la critique et le devoir d'autocritique, est le chemin à entreprendre dans le respect réciproque. Pour tenter de desserrer l'étau dans lequel on veut nous enfermer et construire un destin commun, il n'est pas vain de prendre la parole et d'échanger pour alerter et sensibiliser. On doit régénérer nos capacités à dénoncer les dérives et à énoncer des alternatives. Les relations internationales, les enjeux de Guerre ou Paix, dépendent aussi de l'engagement de la société civile.
M. C.
* Ancien ministre et professeur
en relations internationales.
Ce texte est la conférence prononcée par Mustapha Chérif, lors du Colloque international de Fès, les 3 et 4 juin 2010, sur “Méditerranée, éducation et culture”.


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