Le débat autour du programme du gouvernement au Conseil de la nation n'est pas passé inaperçu. Alors qu'on s'attendait à une séance monotone, après son adoption à la majorité écrasante à l'APN, les sénateurs ont surpris tout le monde, hier. Critiques, reproches et recommandations… Ce sont les sénateurs du tiers présidentiel qui ouvrent « le bal des hostilités ». Abdelaziz Belkhadem et son staff ne s'attendaient certainement pas à un tel scénario. Le membres du tiers présidentiel se sont, semble-t-il, entendus pour dire « toutes les vérités au chef du gouvernement ». Ils lui imputent, en effet, la responsabilité « de la crise de confiance installée entre les citoyens et les institutions du pays ». « Je note que le programme présenté n'est qu'un simple bilan, puisqu'il s'est limité à citer les réalisations au détriment des problèmes et des entraves que rencontre le citoyen dans sa vie quotidienne », lance Zahra Bitat, vice-présidente du Sénat et membre du tiers présidentiel. La veuve du défunt Rabah Bitat précise que la confusion des perspectives du gouvernement sont à l'origine du désengagement populaire. « Ma mission en tant que parlementaire est d'exprimer, en toute objectivité, les préoccupations des citoyens. Je suis désolée de dire que les citoyens doutent de la crédibilité des institutions malgré les efforts consentis par l'Etat en vue de soigner leur image et leur rendement », déplore-t-elle, en se fondant en larmes, mettant tout l'hémicycle en émotion. Les phénomènes des harraga, la bureaucratie, la corruption, la dilapidation des deniers publics, la mauvaise gestion et la criminalité n'ont fait, explique-t-elle, qu'élargir le fossé entre le peuple et les institutions. « L'exemple le plus éloquent est le message adressé par la population lors des législatives du 17 mai dernier. Nous sommes dans l'obligation de comprendre ce message, de répondre favorablement aux aspirations citoyennes sur le terrain et par tous les moyens », estime-t-elle, incitant le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour rétablir la confiance entre les citoyens et le gouvernement. Pour sa part, Abdallah Boussennane, membre également du tiers présidentiel, fait les mêmes remarques. « Le programme du gouvernement ne fait aucune allusion au programme vécu par la population. Il faut que le gouvernement consacre la culture du débat et écoute les préoccupations des citoyens. Il faut cesser d'élaborer des programmes pour les circonstances », demande-t-il. Belkhadem s'est-il attiré la disgrâce du président de la République ? Rien n'est moins sûr, d'autant que les membres du tiers présidentiel expriment les orientations du chef de l'Etat au Sénat. Les sénateurs du RCD, en l'occurrence Mohand Akli Samoudi et Rachid Arabi, ont axé leur critique sur « l'absence dans le programme du gouvernement de volonté de promouvoir les libertés publiques et individuelles ». Les intervenants lors de cette deuxième journée de débat appellent l'Exécutif à fixer des délais précis pour la réalisation du contenu de son programme. « Ce programme ne peut pas se réaliser sur le terrain en raison de l'absence d'échéances », expliquent encore les sénateurs.