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Une petite histoire de pivoine à Mostaganem
Evocation des épreuves du baccalauréat
Publié dans El Watan le 04 - 07 - 2007

En dépit de toute la tension à gérer, il fut obligé de sortir de sa bulle pour assurer ce que j'appellerais « les urgences pédagogiques » au service de copains qui le sollicitaient. Je présume qu'ils cherchaient, surtout, à se rasséréner auprès de lui et éteindre les petites paniques que font naître les affreux doutes de dernière minute.
Pour l'un d'entre eux, le lien ne se faisait pas au téléphone, mais il se présentait directement en début de soirée ou même à la mi-journée pour s'éclaircir l'esprit. Sa décontraction et la nature de ses « angoisses » montraient nettement qu'il n'avait pris aucun risque au cours de l'année pour se fouler les neurones ! Enquiquiner tout le monde était sans doute sa manière de se donner quelque contenance et faire semblant de passer son bac. Après chaque épreuve, il répond invariablement à mon regard interrogateur par un « ça va ! EI-Hamdou-lillAllah ». J'ai expliqué à Nora – son autre tante – que cela signifie, souvent, qu'il a été tout simplement excellent. Son seul problème consistait à trouver une réponse adéquate à cette voisine angoissée pour sa fille. Elle lui tendait une embuscade pour l'interpeller à l'entrée de la cité : « Wach ! Oussama comment ça était ? » S'il répondait que ce fut facile, il passait pour un fieffé prétentieux. « Oui, parce que c'est toi, tu dis que c'était facile ! », répliquait-elle. S'il opte pour l'autre extrême « c'était un peu difficile », même s'il ne savait trop mentir, l'angoisse de la maman montait de plusieurs crans. « Et dire que c'est toi qui dit ça ! » Il essaie de se rattraper : « Non, c'était pas trop difficile, chouia-chouia ! ». Elle finit par lâcher un « Ah bon ! » à peine audible qui nous autorisait à nous faufiler vers la maison. Lorsqu'il est sorti de l'épreuve de physique, son air rayonnant était plus expressif que son sempiternel « ça va ! EI-Hamdou-lillAllah ». A la façon impériale avec laquelle il a vécu ces journées éprouvantes, il m'a constamment fait penser à une star de l'athlétisme, Serguei Bubka. Une perche à la main, il ne soulevait qu'une seule question : de combien allait-il battre son propre record ? Tu penses bien qu'avec un stylo entre les mains, la seule surprise qui viendrait d'Oussama ne peut être que mauvaise ! Que Dieu nous en préserve ! J'ai aussi compris que l'estime réelle que tous ses professeurs avaient pour lui était méritée. Son comportement tout autant que ses résultats donnaient un sens à leurs propres efforts. C'est le complément à leur maigre salaire qui est le plus utile pour le moral. Je n'ai pas pu me retenir, jusqu'à la fin des épreuves, pour lui dire la fierté qu'il me procure et les raisons qu'il me donne pour rendre grâces à Dieu. Je profite de l'occasion pour faire une révérence à son grand-père qui, très tôt, a vu que le petit n'était pas bête ! Les sentiments qui sont les miens, aujourd'hui, sont naturellement indépendants du résultat qui tombera le 4 juillet. Les conditions dans lesquelles les épreuves se sont déroulées nourrissent les inquiétudes de beaucoup de parents. Je revis la rencontre avec cette maman, médecin de son état, qui me disait toute sa colère et sa rancœur contre ces surveillants qui laissèrent, voire même encouragèrent, la transformation des salles d'examen en véritable souk. Cette mère, en plein désarroi, m'assure avoir pleuré de voir son fils catastrophé par l'impossibilité qu'il avait à garder un minimum de concentration pour composer décemment. Une année d'efforts et des cours d'appoint chèrement payés furent balayés par la gabegie des surveillants. Ils se sont rangés du côté de la médiocrité et des fraudeurs dont le dévergondage et l'incivisme les situeraient plutôt dans la classe des délinquants. Ces pauvres jeunes (M'sakine), qui entendent forcer les portes de l'ascenseur social en trichant, ont trouvé une assistance inespérée. Pour quelques cancres, l'ascenseur prend carrément l'allure d'une fusée. En revanche, ces surveillants bien intentionnés se sont souciés comme d'une guigne des élèves honnêtes. Bien qu'une guigne, par ces temps-ci, elle vaut son petit pesant de dinars ! Tant pis pour le fruit des efforts fournis, durant toute une vie scolaire pour pouvoir franchir le seuil de l'université la tête haute qu'ils veulent concourir loyalement soit, mais consentir pour qu'ils le fassent paisiblement et dans une quiétude propice au travail intellectuel serait trop inhumain vis-à-vis des paresseux aux neurones rongés prématurément par l'oisiveté et le manque d'exercice. C'est ce qu'ont dû « honnêtement » penser beaucoup de ces surveillants ! Dans certaines classes, à l'évidence, ils ont choisi leur camp. Ils ont activement compati avec el'msakine. Des anecdotes plus invraisemblables les unes que les autres ont circulé, ici, à Mostaganem. Une fille raconte qu'elle a été sollicitée par une surveillante pour remettre ses brouillons à l'une de ses protégées. Ayant refusé d'obtempérer, elle en a été profondément perturbée. La candidate vertueuse s'est mise martel en tête. Elle a poursuivi ses épreuves avec la hantise d'être éventuellement victime de représailles de la part de la fonctionnaire indigne. Les histoires, apparemment abracadabrantesques, comme le recours aux kits mains libres et bluebooth astucieusement camouflés sous les khimars de jeunes filles, fraîchement converties au port du voile, sont colportées par des personnes jouissant de tous les attributs de la crédibilité. Une chose est sûre : les épreuves du premier jour se sont déroulées dans une ambiance catastrophique. Les élèves pouvant communiquer ouvertement à trois ou quatre places de distance. Intolérable ! Je te rassure pour Oussama. Ayant résolument placé son sort sous des auspices divins, je crois qu'il a suffisamment gardé la tête dans le guidon. Il a traversé le tumulte et l'effervescence de sa classe, notamment durant l'épreuve d'anglais, un peu à l'image de ces cyclistes grimpant les cols mythiques des Alpes. Tout à leurs efforts, ils ne voient ni n'entendent la foule massée tout le long de leur infernal parcours. Cette atmosphère de foire d'empoigne, unanimement soulignée par la presse nationale, ne troublera pas le sommeil de l'inamovible Benbouzid. Scandaleux ! Le plus honteux dans tout cela est l'outrecuidance de ceux qui osent évoquer des ressorts moraux pour justifier la trahison de leur mission. Au lieu d'être mis au ban de la société, cette espèce d'irresponsables officient devant des bancs d'écoles, quel chagrin ! J'écrirais bien au président de la République si mon geste pouvait avoir une quelconque utilité. La seule question qui vaille de lui être posée : Comment l'Etat peut-il, sans sourciller, admettre que ses règles du jeu soient mises en veilleuse et tolérer qu' une minorité d'élèves et de fonctionnaires impose la seule loi qui leur convienne, « tag âa man tag ? » Je lui suggèrerais peut-être que notre Education nationale serait bien inspirée de recourir à des épouvantails. « Notre politique gagnerait en clarté ! » et puis, cela reviendra moins cher pour le budget de la nation. Malgré tout, je ne jetterais pas l'opprobre sur la majorité de nos éducateurs et éducatrices, mais, mon Dieu ! Que son silence est assourdissant ! Le baccalauréat, censé être un espace où une partie de la jeunesse algérienne se retrouve en compétition dans des conditions égalitaires, est en voie d'être largement dévalorisé, discrédité et même perverti. Des personnes, diversement atteintes par l'indigence morale ou intellectuelle, corrompues ou tout simplement confondant magnanimité et laxisme suicidaire, ont décidé d'en faire un lieu où une majorité écrasante d'une classe d'âge méritante, prend brutalement conscience que la tricherie, la truanderie et la corruption peuvent faire bon ménage avec les sciences, les techniques et la philosophie. Le baccalauréat devient, alors, un moment d'initiation où notre jeunesse se fait déniaiser avec un marquage indélébile sur le cœur. Le centre d'examen devient un rempart sur lequel ses rêves viennent se fracasser dans un grand vacarme de bris de cristal. Ensuite, nos phraséologues chevronnés viendront palabrer longuement sur l'origine de la violence dans la société. Ce sont, pourtant, ces dirigeants qui la cultivent presque consciencieusement. La seule circonstance atténuante que je leur reconnaîtrais est qu'ils n'ont pas ce que les gens civilisés appellent la conscience. Et, surtout, pas une conscience citoyenne. Le peuple – tous les journaux le claironnent – ayant déposé sa démission aux dernières élections législatives (plus de 70% d'abstention, excuse du peu ! ), ces messieurs continueront à nous gouverner « à l'insu de notre plein gré » – rebelote – et, surtout, à s'habiller en costards Pierre Cardin et en cravates Yves Saint-Laurent aux frais des contribuables. Si, comme beaucoup de citoyens le redoutent, ils réussissent à inoculer leurs mœurs à l'éducation et à la jeunesse, c'est la fin des haricots pour la République. Prétendre devenir lauréat de ce sésame d'une vraie citoyenneté deviendra-t-il une étape d'apprentissage avant de postuler à la députation ? Le reste des troupes n'aura plus à se demander chaque matin, comme un certain J.F. Kennedy, que peut-il faire pour leur pays ? Elles se complairont à rêver de la douce vie d'un comprador ou suivre la voie des harraga. On entend, déjà, se dire avec l'aplomb et l'emphase des derniers de la classe que « dans ce pays, il faut faire du commerce ou migrer ,. (Tadjèr wa-'Ua haadjar) » Bien sûr, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Qui peut le plus peut le moins, cesser de nuire au pays est déjà un pas de géant dans la voie du bien. Cela commence, cependant, à sentir le roussi ou, pour le moins, les carottes commencent sérieusement à cuire ! Que faire ? Que dire aux écervelés de toutes sortes ? Primo, qu'emprunter un mauvais chemin ne fait jamais arriver au bon endroit ! A Benbouzid, je lui ferais remarquer qu'une fois les bornes dépassées, il n'y aura plus de limite ! Oui, je sais, ma sagacité ne vole pas plus haut que celle de M. de La Palice mais il était tout de même maréchal ! J'ajouterais qu'il ne faut, surtout pas, que l'on soit capable de sursauts ! Cela repartirait pour un tour de révolution ! (Pléonasme, n'est ce pas ?). Quant à moi, je me risque à miser sur leur indécrottable incompétence pour ne pas réussir à altérer notre amour
pour l'Algérie. Je placerais mes espoirs en Oussama et en ses camarades. Ils sont nombreux, ils arrivent, ils peuvent déjà commencer à entonner la chanson de Joan Baez We shaU overcome, un jour tout proche, Incha Allah ! Une seule certitude dont le fondement est notre foi. Dieu ne fourvoiera pas la récompense de ceux qui travaillent correctement (qui agissent bien). (Sourate EI Kahf (la grotte) no 18/verset 30). Constater qu'Oussama fait du sens de ce verset sa guidance dans la vie est déjà un bonheur. Tout bon résultat ne sera que cerise – fût-elle une guigne – sur le gâteau ! Avant de te quitter, dis-moi : le 4 juillet c'est quand ? Je sais ; je deviens gaga de l'attendre ! Pour me distraire des scénarii cauchemardesques qui m'assaillent je guette la floraison de ma nouvelle plante, un plumbago du Cap, appelé aussi la dentelaire du Cap (Plumbago auriculata syn. Plumbago capensis). J'ai « piqué » la bouture à l'entrée principale du lycée Ould Kablia. Ses fleurs sont d'un bleu ciel très délicat, notre Zendjari national. Tu as, bien sûr, remarqué que j'ai décidément le regard rivé sur le ciel. La raison est que je pressens qu'une joie fabuleuse se déversera, Incha Allah, sur mon cœur et, alors là, la Terre sera bien trop petite pour contenir mon bonheur. Ah ! A propos de pivoine, pour les Chinois qui la vénèrent, c'est la fleur de la richesse et des honneurs ! J'en souhaite tellement, pas uniquement aux 70% des reçus, mais aussi aux 30% que la rumeur a décidé de recaler. A tous.


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