Comme chaque année, le Mawlid a eu, cette fois encore, son lot de malheurs. Sont à déplorer notamment de graves lésions oculaires, des brûlures, des incendies. Plus grave encore, un pétard a plongé Berriane, petite localité de Ghardaïa, dans une atmosphère de guerre qui s'est soldée par un mort, 17 blessés et toute une ville saccagée. Que reste-t-il de la symbolique d'un Mawlid Ennabaoui lorsqu'en une nuit explosive des milliards partent en fumée rien que pour s'amuser, lorsqu'un parent apprend dans le service des urgences d'un hôpital que son fils a perdu définitivement l'usage d'un œil et lorsqu'un pétard tue un fœtus dans le ventre de sa maman et fait d'une petite ville paisible un enfer, comme ce fut le cas jeudi à Berriane, au nord de Ghardaïa ? A en juger du bilan des différentes équipes de la protection civile, les conteneurs saisis auparavant et les mises en garde ainsi que les appels à la raison faits par les imams, du haut de leur minbar, n'ont finalement pas empêché le «massacre». Tout feu tout flamme, Alger a passé une nuit rouge où les «bombes» détonaient et les «fusées» allaient d'un camp à un autre. Résultat : 15 blessés ayant notamment de graves lésions à l'œil, transférés en catastrophe vers les urgences ophtalmologiques. Aux Tagarins, sur les hauteurs de la capitale, les sapeurs-pompiers ont dû faire toute une gymnastique pour éteindre un feu dans un immeuble et sauver in extremis 14 personnes. Là aussi, c'est un gros pétard qui a failli causer le désastre. Toujours à Alger, les unités de la protection civile ont battu le rappel des troupes pour venir à bout de 28 incendies enregistrés dans les localités de Birkhadem, Sidi M'hamed, Aïn Naâdja, El-Makaria, la Casbah, les Annassers et Alger-Centre. A Constantine, et en dépit des mises en garde lancées bien des jours auparavant, les services des urgences des principaux centres de santé étaient débordés. Des cas de brûlures aux yeux dues aux explosions et à la vapeur de cyanure de potassium entrant dans la fabrication des pétards, ont été signalés. Les victimes étaient âgées de 7 à 45 ans. Beaucoup d'entre elles, touchées à l'œil, souffrent de réelles complications. L'utilisation abusive des feux de Bengale a eu son lot de victimes dans les autres régions du pays : une dizaine de blessés à Annaba, plusieurs admissions en urgence à Guelma, une trentaine d'autres à Tebessa dont un cas très grave (lésion à l'œil), dix blessés plus ou moins graves à Tizi Ouzou, autant à sidi Bel Abbes, sept à Saïda et une famille sauvée de justesse à Bordj Bou-Arréridj, dans la localité de Ras El-Oued, lorsqu'un père de famille a bravé le danger pour éteindre le feu dans sa maison. Le pyromane involontaire était son fils. Explosif, le Mawlid l'a été surtout à Berriane, petite ville nichée sur une petite colline, à un jet de pierres de Ghardaïa et connue surtout pour ses tiraillements intercommunautaires entre Chaamba et Mozabites. Tout a commencé par un gros pétard jeté sur une femme enceinte. Effrayée, celle-ci fait une fausse-couche, sous le choc. Le mari affolé, sort avec du renfort pour punir l'agresseur. L'expédition punitive réveille les vieux démons des affrontements entre les deux principales tribus : un mouvement de foule s'en est suivi. Maisons, magasins, voitures en stationnement, tout est saccagé et pillé et les affrontements ont duré jusqu'à l'aube. Policiers et gendarmes arrivent. La tension monte et le pic est atteint avec la mort d'un Mozabite âgé de 30 ans, touché par deux balles en plein cœur. Un mort, 17 blessés, des maisons et des magasins saccagés, des voitures brûlées…,maudit soit ce pétard.