La double Fête de l'indépendance et de la jeunesse coïncidant avec le 5 juillet a été célébrée jeudi dernier par les autorités locales et les représentants de la famille révolutionnaire. On a ainsi posé la gerbe de fleurs à la mémoire de nos chouhada et rendu visite à de véritables moudjahidine cloués sur leur lit. Sur le visage de ces personnes pour la plupart dans des logements sociaux, le désarroi et l'inquiétude étaient présents. Ils étaient entourés de leur famille et de leurs enfants confrontés au chômage et à la malvie. Les autorités ont également débaptisé deux cités. A quelques mètres de la nouvelle plaque indiquant Haï Merah Abdallah la nouvelle appellation de la cité proche de la mosquée Israâ Oual Miaradj, il y a une école primaire. Sur le fronton, à la vue de tout le monde depuis des mois, un emblème national sale et en lambeaux. Nul du directeur de l'établissement — sommé chaque jour d'école d'imposer aux élèves d'assister à la levée des couleurs —, des enseignants et des fidèles de la mosquée en face n'est intervenu. Ce 5 juillet, les représentants de la loi et les défenseurs des symboles de la République étaient nombreux sous cet emblème sale et en lambeaux. Au même moment, le wali inaugurait la plaque Abdallah Merah, celui qui paraissait être le responsable de l'école primaire avait fait accéder sa voiture dans la cour de l'établissement. Il n'a accordé aucun regard et encore moins d'égards à l'événement se déroulant à 10 mètres du portail d'entrée de son établissement. La deuxième cité, débaptisée au nom d'un autre chahid, est implantée à Sidi Salem. Comme si cette célébration du 45e anniversaire de l'indépendance relevait d'une banalité, voire d'une corvée imposée, l'on n'a même pas pris le soin de nettoyer les alentours. De grands tas de décombres et de gravats encombraient le pourtour des logements sociaux occupés par des familles démunies. On n'avait pas pensé à les enlever. En face, la plage occupée par des estivants était d'une saleté telle que c'est un miracle que l'on n'ait pas encore annoncé une quelconque épidémie. Ce 5 juillet 2007, la fête était ailleurs. Elle était le monopole des lauréats au baccalauréat. L'on avait d'yeux que pour ces jeunes garçons et filles gouailleurs, heureux d'avoir décroché leur visa pour l'université. Elle était aussi dans le comportement des commerçants en produits alimentaires, des fruits et légumes et des viandes. C'était à qui fixerait le plus fort prix des produits de première nécessité et de la pomme de terre. C'était à qui se remplirait le plus les poches. La fête du 5 Juillet était aussi dans les discussions des chauffeurs de taxi. Ils se préparent à entamer une grève prévue pour le 15 juillet. Ils revendiquent la création ou le transfert d'autres stations. Leur syndicat n'a rien dit quant à l'obligation du respect du service public et de la nécessité de mettre un terme à la circulation des voitures taxis déglinguées datant de plus de 30 années. La célébration de ce 5 Juillet ne paraissait pas intéresser les diplômés universitaires au chômage. Ils s'étaient inscrits sur le registre de la direction de l'emploi pour un éventuel recrutement. Plusieurs mois après, ils attendent que soit concrétisé l'engagement de l'Etat quant à la création de nouveaux postes de travail.