Avec l'été, l'automobiliste en vadrouille sous les soirées étoilées à travers la campagne se fait immanquablement surprendre par les nauséeuses odeurs que dégagent les lits d'oued. Le plus incommodant dans l'affaire, c'est lorsqu'on longe un oued sur une bonne longueur de quelques kilomètres comme entre Chabat et Hammam Bou Hadjar. Et, rien n'y est fait pour réduire le désagrément, même pas l'eau savonneuse qui le lessive et qui s'échappe par intermittence de l'usine de détergeant située en amont. C'est dire l'état de pollution par les eaux usées, une situation contre laquelle les pouvoirs publics semblent curieusement désarmés alors qu'il n'y a pas longtemps, il était souvent question de curage des lits d'oued. A cet égard, et de l'aveu du directeur de la protection de l'environnement, à l'embouchure de l'oued El Maleh, sur la plage de Terga, la pollution organique est telle qu'elle s'est entassée sur plusieurs centimètres. La seconde source de pollution qui se fait remarquer de façon aussi agressive est sans conteste la dense poussière que dégage à profusion la cimenterie de Béni Saf, une usine qui pollue plus qu'auparavant dans la mesure où sa productivité est passée de 600 000 tonnes à 1 million de tonnes depuis qu'elle est sous le contrôle de Pharaon Investissement Groupe Limited. La situation devrait-elle ainsi durer alors que le partenaire saoudien, lors de sa prise de participation à hauteur de 35% dans l'usine, s'était engagé à investir en matière de dépollution ? Le résultat du million de tonnes étant là, d'aucuns s'interrogent sur l'existence d'une réelle volonté d'améliorer la situation, sachant que le groupe saoudien est rémunéré au titre du management sur la base d'une obligation de résultats. Un contrat à respecter Par ailleurs, qui oserait imposer une fermeture à l'usine alors qu'il existe une forte et durable tension sur le ciment ? Un produit qui est en plus l'objet d'une spéculation au vu de tous, sans que rien ne vienne y mettre le holà. Il y a lieu de croire que pollution et trafic vont continuer de pair et qu'il faudra attendre longtemps pour voir se concrétiser un contrat de performance engageant la cimenterie, un contrat dont la négociation devait se conclure il y a une année, selon ce dont nous avait entretenu le directeur de l'Environnement (El Watan, 3 avril 2006), une chimère qu'il nous a ressortie cette semaine au cours d'un nouvel entretien. Pour rappel, ce type de contrat, moyennant le bénéfice d'une contribution libérée par le fonds national pour la protection de l'environnement, oblige le contractant à prendre des mesures afin de faire cesser les émissions de poussière. Enfin, et s'il faut croire à l'existence d'un projet de centre d'enfouissement technique pour déchets spéciaux dans la région Ouest du pays, il faudra encore attendre pour voir disparaître les amas de boues cyanurées exposés depuis plus d'une décennie à l'air libre, au sein de la tannerie d'El Amria, un mortel amoncellement que l'on aperçoit à hauteur du pont situé sur l'évitement de la ville. N'est-il pas alors heureux que l'usine ne tourne qu'à 10 ou 20% de ses capacités ?