Des diffuseurs de jets d'huiles essentielles ont été installés le long de l'Oued. Si le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, est connu pour son sens de l'humour, la nouvelle qui suit n'est pas une blague: les odeurs de l'oued El Harrach sont masquées. La société française Suez-Environnement, chargée depuis 2006 de la gestion de l'eau à Alger, vient d'installer des diffuseurs de jets d'huiles essentielles le long de l'oued El Harrach et dans les zones environnantes. Un jury du nez dirigé par un expert russe, une femme, et composé d'une vingtaine d'Algériens, a été chargé de surveiller les odeurs au niveau de l'oued. C'est ce même jury qui décide de la qualité de l'huile à diffuser pour masquer totalement les odeurs désagréables qui caractérisaient cette partie de la capitale. Il s'agit d'une opération expérimentale menée par Suez en attendant la saison estivale pour vérifier l'efficacité de ce système qui donne d'excellents résultats à présent. Désormais donc, l'odorat ne sera plus agressé par les effluves désagréables qui se dégagent de cet oued. Les habitants de la région peuvent ouvrir les fenêtres pour «savourer» la douce et agréable fraîcheur marine durant les fournaises de l'été. De même que les automobilistes peuvent baisser les vitres de leurs véhicules sans être incommodés. Mais ce n'est qu'une première étape, car beaucoup reste à faire en matière d'environnement. Un oued propre à la pêche et à la nage comme le faisaient les Algérois dans un passé relativement récent, n'est pas pour demain. L'oued El Harrach a pour affluent l'oued Hammam Mélouane et prend sa source dans les gorges de La Chiffa et les monts de Bouzegza, c'est-à-dire porteur d'une eau fraîche et propre où on pourrait pêcher la carpe et de belles truites. «Mon père m'a raconté qu'à son époque il était encore clean l'oued et qu'il s'y baignait souvent et qu'il y avait une belle forêt aux alentours», raconte avec un air nostalgique un Harrachi quinquagénaire. Or, des entreprises nationales y déversent sans retenue d'énormes quantités de déchets dangereux sans les traiter au préalable. Ce bouillon toxique est composé de chlore, de mercure, d'huiles et peut-être même d'arsenic. Ce sont ces produits qui dégagent les odeurs incommodantes. Une équipe japonaise composée de 10 experts en environnement, effectue depuis l'année 2006 une étude pour une éventuelle dépollution. Les premières évaluations de ces experts sont effarantes: l'oued est composé de plus de 30% de substances toxiques, une norme largement supérieure à celle admise par l'Organisation mondiale de la santé. Selon cette étude, le coût de la dépollution de l'oued est évalué à environ 500 millions de dollars. Pour l'instant, le gouvernement estime que cette action n'est pas une priorité. En attendant, les Harrachis doivent se contenter des «fragrances» à l'orange et au citron que renvoient les diffuseurs installés le long de l'oued.