La cartographie industrielle de la wilaya risque d'être sérieusement chamboulée, à court ou moyen terme. En ce sens que du statut juridique public dont elle s'est prévalue jusqu'à ce jour, elle est en passe de basculer vers le statut privé, si par bonheur les entreprises qui la composent pouvaient trouver acquéreurs. A défaut, elles termineront en réceptacle de ferraille et de quincaillerie, comme c'est déjà le cas d'un bon nombre d'entre elles. L'industrie mécanique, qui peut être considérée comme l'estampille de la wilaya de Constantine, va probablement connaître un passage à témoin du public au privé. Cinq sur six entreprises, relevant de ce secteur, sont dans une zone rouge induite, nous dit-on, par le manque de débouchés à leur produits lesquels, tout en étant capables de soutenir la comparaison avec les produits étrangers en terme de qualité, baissent pavillon dès qu'il s'agit de prix élevés, loin de toute compétitivité. Le secteur des matériaux de construction n'est pas dans un meilleur état, lui non plus. Au cours des dernières années, il a été enregistré trois fermetures d'entreprises sur le périmètre de la wilaya. La première, sise à Chettaba, fait dans la production de la chaux, un matériau que l'on considère ringardisé par rapport à d'autres ayant plus de prise avec l'air du temps. La briqueterie de Didouche Mourad, plus que centenaire, a de son côté été « rayé » de la carte, pour voir s'ériger presque au même endroit, une autre, plus grande et de statut privé elle aussi. L'entreprise de céramique et verrerie d'Ibn Ziad, qui alimentait la majorité des wilayas de l'Est algérien en cette matière sur laquelle l'on ne peut tenir l'argument de la « démode », étant donné que toutes les nouvelles constructions font à satiété usage de ce produit très prisé que l'on importe maintenant de l'étranger, à coups de conteneurs, a été laminée également. Les produits alimentaires ne sont pas en reste de ce marasme imposé sous les coups de boutoir de la restructuration menés au pas de charge. Les moulins de Sidi Rached ont fini par mettre la clé sous le paillasson, après une titanesque résistance de ses salariés. L'émergence de minoteries « new wave » implantées à travers la wilaya, ajoutée à l'inondation de produits finis de blé dur et blé tendre émanant de wilayas environnantes, ont signé l'acte de décès de ces grands moulins sis à Hamma Bouziane. Idem pour la limonaderie de Didouche Mourad, dont les produit (eaux gazeuses et différents jus de fruits) excellents, d' un avis unanime, est arrivée à un stade d'asphyxie dû au manque de liquidités pour payer ses salariés d'une part, et d'autre part, assurer la pérennité de l'investissement en composants et autres, a fini par baisser les bras et cherche en ce moment même un acquéreur privé.