C'est un bouquet de courtes fictions cinématographique que l'association Project'Heurts a invité à effeuiller lors d'une soirée ramadhanesque. Une vingtaine de courts métrages donc venus d'ailleurs et pas n'importe lesquels, puisqu'ils constituent ce qu'a vu passer de meilleur le fameux festival international de Clermont-Ferrand (France), entre 1979 et 2003. La plaquette (quelque 80 bobines en VHS et une séries de DVD) provient d'un don du festival, dont des membres ont eu à participer aux éditions des Journées cinématographique de Béjaïa organisées sous la houlette de l'association. Articulée autour de trois tranches, d'une durée d'une heure et demie et tournant autour de 5 réalisations, chacune, la soiré dédiée au défilement des images, des images neuves et fraîches pour une fois, s'est prolongée jusqu'au-delà de minuit. Le public qui a conflué suivant un réseau d'amitiés et de connivences artistiques, a été littéralement époustouflé. Dans cette petite salle du TRB, mise gracieusement à la disposition de l'association par la direction, le plaisir s'est partagé via des marques démonstratives d'admiration pour ces œuvres ramassées et énergiques comme des coups de poing. On a eu droit à l'humour anthropologique et disjoncté des scandinaves, de grands et incontestés spécialistes de la pub, à travers un court métrage intitulé Soyez naturels (Norvège-Suède, Harald Zwart) qui est un percutant procès contre l'industrie de la télévision et sa tendance à vampiriser l'individu. Pour le film Verte prairie de Philippe Decouflé, 4 minutes où les blés dandinent sous l'air d'un accordéon et la voix curieusement grave de Bourvil. Le P'tit bal, c'est son titre, est une construction sur l'ambiguïté du langage, tout le langage, y compris ou peut-être celui du cinéma. Par correspondance, le thème se retrouve dans l'autre film, si intelligent et lutin celui-là que les rires qui l'ont soutenus dans la salle furent ceux de la surprise et de l'admiration pure. The Bloody Olive de Vincent Bal est un superbe tour de magie cinématographique dédié à la force du scénario et à sa prééminence. Encore du méta cinéma donc. Le couple à trois, 2 hommes et une femme, une série de meurtres simulés, des guets-apens sémantiques, des retournements impossibles avec un sacré air de parodie et de clin d'œil pour l'époque Humphrey Bogart... Le tout comprimé dans une dizaine de minutes de folies qui convaincront qui l'aura compris que le cinéma peut tout faire et que le spectateur est un beau dindon de la farce qui se paye le malin plaisir d'être consentant. Copy shop de Virgil Widrich, 12 minutes, en veut quant à lui, et en noir et blanc, au monde formaté selon le même modèle cloné et recloné à l'infini. « Je me demande si le réalisateur ne s'est pas suicidé juste après avoir fait ce film », a plaisanté quelqu'un pour dire tout le noir qui se dégage de la bobine. Une merveille technique cela dit qui, mise au service de l'idée en l'occurrence, arrive à mettre réellement mal à l'aise. Des perles de la même veine ont été projetées durant la soirée, au grand bonheur des cinéphiles qui sont restées. Autant de chefs d'œuvre d'ingéniosité qui confirment que le court métrage reste un segment très peu corrompu par les circuits commerciaux, d'où son intérêt pédagogique et artistique, du moins pour les puristes.