L'idée d'une charte fait son chemin Une réflexion a été lancée pour doter l'Algérie d'une charte de bonne gouvernance des entreprises. La Société financière internationale (SFI) apporte son assistance au Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) et au forum des chefs d'entreprise (FCE) qui œuvrent pour la mise en place des principes de gestion conformes à l'éthique et à la déontologie. Les entreprises algériennes, notamment celles issues du secteur privé, sont de plus en plus conscientes de l'importance de la bonne gouvernance, constate Sebastian A. Molineus de Corporate Governance Program, manager de la SFI internationale filiale de la Banque mondiale (BM), qui a donné une conférence au siège de la représentation de la BM en Algérie. Cette initiative cible essentiellement les entreprises familiales. Il a été constaté que la mainmise des fondateurs sur ces entreprises généralement petites ou moyennes rend difficile l'émergence des compétences susceptibles d'introduire une organisation de management plus adaptée à l'économie de marché. M. Molineus a souligné que seuls 4% des entreprises familiales réussissent à se pérenniser après la troisième génération. Mais pour M. Molineus, quand bien même ces entreprises voudraient adopter la bonne gouvernance, il leur serait ardu de trouver des consultants experts dans les pays émergents. Seule l'adoption d'une sorte de code commun permettra aux entreprises de se développer et de se maintenir dans le marché de plus en plus compétitif. Ce code présentera aussi l'avantage d'attirer les investisseurs étrangers qui seront rassurés par les réformes qu'apportera cette approche. Samy Boukaïla, vice-président de CARE, reconnaît lui aussi que ces entreprises évoluent dans un environnement défavorable. « Le processus de l'introduction de la bonne gouvernance est un combat de longue haleine », a-t-il dit. Il estime néanmoins que les entreprises doivent agir pour se créer un terrain propice et ne pas attendre que l'Etat le fasse pour eux. Mohamed Bourenane, chef de division de la Banque africaine du développement, a relevé de son côté l'évolution des mentalités en Algérie. « Le marché est en train de changer. Avant, il était tabou de parler de gouvernance. Maintenant ce sont les entreprises elles-mêmes qui en font la demande », a-t-il soutenu. Une conférence sera organisée aujourd'hui sur ce sujet épineux au Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (Cerist) de Ben Aknoun. Une pléiade d'intervenants de marque, dont l'ex-ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, Rédha Hamiani, président du FCE, feront des communications pour dresser un état des lieux et donner des recommandations pour aider les entreprises à adopter des pratiques plus saines en matière de gestion.