Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, vient de confirmer, encore une fois, le relèvement prochain du prix du gasoil. L'augmentation du prix était « une option stratégique et désormais inéluctable » face à la hausse de la facture des importations de ces produits et le risque d'une forte pression sur l'offre de ces mêmes produits pétroliers, a déclaré le ministre qui s'est dit ainsi favorable à une « nouvelle politique des prix » des carburants. Un choix motivé, a-t-il souligné, par un impératif d'« indépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers » et par « la nécessité de réduire les dépenses consacrées à l'importation des produits énergétiques », en plus du souci de réguler l'offre et la demande de carburants par le prix. S'exprimant en marge d'une visite d'inspection qu'il a effectuée à la centrale thermique de Berrouaghia, M. Khelil, cité par l'APS, a ajouté qu'il était « préférable et plus judicieux d'orienter une partie des subventions affectées à ces importations au développement d'autres segments de l'économie nationale ». « Un effort doit être consenti dans ce sens afin d'inciter le consommateur à opter pour d'autres types de carburants, tels que le GPL et l'essence sans plomb », a-t-il ajouté. Ces deux carburants sont par ailleurs considérés comme relativement propres. Il a mis en avant, à ce propos, « l'intérêt à œuvrer dans cette voie pour éviter d'éventuelles pressions sur le marché intérieur », et a insisté sur « l'impérative nécessité de prendre des dispositions destinées à rééquilibrer la demande locale et assurer une autonomie vis-à-vis de l'extérieur ». « Cette politique des prix, a insisté le ministre, constitue une alternative sérieuse qui mérite d'être prise en ligne de compte, d'autant plus qu'elle permet d'anticiper des situations de tension, comme c'est actuellement le cas dans nombre de pays producteurs de pétrole. » Actuellement en Algérie, le prix du gasoil à la pompe (13,70 DA/l) équivaut à peu près à la moitié du prix des essences et ne représente que le tiers environ des prix internationaux de ce carburant (environ 35 DA/l). Lors de précédentes interventions à Alger, ces derniers jours, le ministre avait indiqué que les prix de ce produit doivent couvrir l'ensemble des coûts induits, qu'ils soient directs ou indirects, afin d'assurer aux producteurs l'autofinancement d'éventuels nouveaux projets destinés à augmenter l'offre de ce carburant face à une demande grandissante. D'après des statistiques officielles, la demande nationale de gasoil s'est accélérée ces dernières années de 10% par an en moyenne, passant de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006. Pour inciter les automobilistes à aller vers des carburants alternatifs, le ministre avait suggéré l'augmentation des taxes pour y inclure les coûts indirects dus à la consommation de gasoil et qui ne sont pas supportés par les consommateurs. Les coûts indirects englobent notamment les coûts de l'utilisation de l'infrastructure routière et les impacts sur la santé publique dont le coût est supporté par le budget de l'Etat, a-t-il souligné. Ces coûts indirects « devraient être inclus dans les prix des carburants sous forme de taxes » dont les revenus iront couvrir les dépenses d'infrastructures routières et de protection de la santé du citoyen, avait expliqué le ministre. « L'évolution de la demande n'a pas résulté de la croissance de l'activité économique et des revenus, mais des prix bas de ce carburant accentué par l'élargissement du parc de voitures diesel », avait ajouté M. Khelil. A partir de 2008, l'Algérie devrait enregistrer un déficit de 100 000 t de gasoil par an à combler par l'importation pour un coût de 52 millions de dollars, avait-il estimé. R. E.