La décision aura des répercussions sur les coûts de transport entraînant une nouvelle hausse des prix des produits. C'est la théorie des dominos. Les transporteurs comptent réagir à la suite de l'annonce de l'augmentation du prix du gasoil. «Nous allons réagir dans le bon sens, c'est-à-dire, nous n'allons pas paralyser les institutions de l'Etat, mais essayer de trouver avec les pouvoirs publics une solution à notre cas», a déclaré le président du Comité national des transporteurs affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Kamel Bouhanef. Les transporteurs revendiquent l'application de la notion de gasoil professionnel. Cette option permettrait, selon lui, aux entreprises du secteur de couvrir une partie des charges occasionnées par les hausses successives des prix de carburant. L'avant-projet de la loi de finances 2008, qui s'inscrit dans le cadre de la poursuite de l'exécution du programme complémentaire de soutien à la croissance, prévoit un renchérissement de la taxe sur le gasoil qui passe de 0,30DA par litre à 0,60DA par litre. La décision aura, selon notre interlocuteur, des répercussions négatives sur le secteur des transports. En fait, c'est toute l'économie nationale qui sera affectée par cette hausse, selon M.Bouhanef, puisque tous les secteurs stratégiques, entre autres, la pêche et l'agriculture, sont liés à celui des transports. «L'augmentation du prix du gasoil entraînera automatiquement la hausse du coût des transports et à la fin c'est le consommateur qui sera le plus affecté», a-t-il déclaré. La hausse des prix des produits et services devrait être donc plus importante en 2008. Déjà, cette année, tous les produits de première nécessité ont connu une flambée inquiétante des prix. Ces derniers sont établis en fonction du coût du transport. Notre interlocuteur évoque également les problèmes qu'enregistrera le transport urbain. «Les tickets de transport urbain seront plus chers si rien n'est fait dans ce sens», ajoutera M.Bouhanef. Déjà que l'année dernière, les tickets ont connu une augmentation de 50%. Quant au pain, une hausse n'est pas à écarter en tant que répercussion de la hausse des prix du gasoil. Cependant, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, argumente cette nouvelle hausse par l'augmentation de la consommation de gasoil en Algérie ces dernières années. Elle est passée de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006, soit le double en quelques années. L'augmentation de la consommation est estimée à 10% par année en moyenne. La croissance de la demande nationale sur cette courte période représente, selon le ministre, un volume additionnel de 2,5 millions de tonnes qui serait valorisé à 1,5 milliard de dollars. La demande est de plus en plus importante et les capacités des raffineries, évaluées à environ 22 millions de tonnes/an, sont devenues insuffisantes. Selon le ministre, il faut que le gouvernement contrôle la répercussion des prix. Pour lui, l'augmentation du gasoil est une part infime du coût d'opération des transports. En fait, le gasoil enregistre deux augmentations en l'espace de 4 ans. En 2005, la commission des finances au niveau de l'Assemblée populaire nationale avait proposé un prix de 2,5DA le litre du gasoil. Les députés ont tous relevé, à l'époque, le caractère «grave» des répercussions d'une telle hausse. C'est finalement l'amendement proposé par le député FLN, Abderrahmane Ben Amara, portant sur l'augmentation du prix du gasoil à seulement 1DA au lieu de 5DA qui a été retenu alors et adopté par la majorité.