Oran dispose d'un nombre important de places publiques disséminées à travers la multitude de quartiers qui composent la ville. Des espaces conçus, à l'origine, pour la détente et les regroupements des citoyens à l'occasion des célébrations d'événements historiques, religieux, culturels... Au milieu de certaines d'entre elles, qui sont rares, faut-il en convenir, se dresse un kiosque à musique. Un ouvrage prévu, en principe, pour abriter des concerts mais qui, au fil des ans, a fini par oublier jusqu'à sa raison d'être. Celui de l'ex-place St Eugène a été longtemps squatté par de pauvres hères qui y avaient élu domicile, dans une indifférence générale. Les jeunes chômeurs et les vieux retraités se disputent l'espace dans cette place, elle-même devenue trop exiguë en raison de l'explosion démographique, et manque cruellement de bancs. Aux premières heures de la matinée, commencent à se former des petits groupes de nombreux seniors du quartier. Et c'est parti pour d'interminables parties de cartes ou de dominos. Assis en tailleur sur des cartons, les joueurs, entourés de leurs supporters, tuent le temps comme ils peuvent, en l'absence de tout loisir. Chez eux, le jour qu'ils vivent ressemble étrangement à celui de la veille, et demain ne sera probablement pas différent. Le kiosque à musique est toujours là, mais se transforme inexorablement en ruine, toujours dans la même indifférence. L'autre espace, appelé « rond point des Castors », immense celui-là, ne semble pas avoir encore sa vocation. Il fut, dans un passé récent, un petit bosquet, une véritable petite forêt au milieu de la ville avec une centaine d'arbres de plusieurs années d'âge. Puis, les bulldozers sont passés par là, laissant derrière eux un désert de terre végétale que les vents ont vite fait de disperser l'envoyant à l'intérieur des maisons environnantes, à travers les fenêtres impuissantes devant les envahissements des tonnes de poussière rougeâtre. Des travaux ont été tentés pour donner un peu de vert à ce désert, en vain. Pour beaucoup de personnes, c'est un espace qui a été perdu. Ce n'est pas un jardin, du moins pas encore, et ce n'est pas une place permettant aux citoyens de se détendre car il n'y a pas de bancs pour s'asseoir et il est difficile d'accès pour les piétons qui ne peuvent traverser sans risque, en raison du ballet incessant des centaines de voitures que les automobilistes conduisent comme s'ils s'entraînaient pour les 24 heures du Mans. Il y a, également, de nombreuses placettes qui ont trouvé d'autres utilisations, au point où elles ne figurent plus que dans le cadastre. D'autres sont conçues de manière à ne servir à rien, comme c'est le cas des deux placettes du quartier de Delmonte. Il a été constaté, par ailleurs, que la plupart des cités nouvelles manquent étrangement de places publiques. Les concepteurs n'ont pas, sans doute, jugé utile de prévoir un espace pouvant permettre des rassemblements populaires. Tout n'est pas encore sur les places publiques, et nous y reviendrons certainement avec beaucoup plus de détails.