Soucieux de préserver l'image que veut offrir le royaume du Maroc aux touristes essentiellement européens et nord-américains, en dépit des remous internes, le Royaume chérifien a tenu à renforcer ses services de sécurité en moyens matériels et humains, et ce, depuis l'attentat de mars 2007 qui s'est produit dans un cybercafé à Casablanca. Marrakèche (Maroc) : De notre envoyé spécial Les touristes continuent à affluer vers le Maroc, notamment Marrakech. Durant les deux premiers mois de cette année, il a été enregistré 2,33 millions de nuitées dans les établissements d'hébergement classés au royaume du Maroc, soit une hausse de 11% par rapport à la même période de l'année 2006. Par ailleurs, une convention de partenariat avait été signée entre la compagnie aérienne marocaine RAM et le Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech. Les deux parties se sont entendues pour conjuguer leurs efforts afin de promouvoir le tourisme à Marrakech et ses environs. Des manifestations thématiques nationales et internationales sont organisées dans cette ville qui dispose de moyens d'accueil appréciables, dans le but de galvaniser l'activité économique de Marrakech, d'une manière générale, et encourager l'investissement dans le secteur du tourisme. Les performances affichées, en ce début de l'année en cours, s'expliquent par la confirmation du retour des Scandinaves (+ 22%), et le nombre sans cesse croissant des touristes britanniques (+ 45%), allemands (+ 8%), italiens (+ 8%), tandis que les Belges et les Espagnols affichent un léger recul. Néanmoins, il a été révélé que le nombre des passagers, ayant transité par les aéroports internationaux du Maroc, s'élève à 1,3 million. C'est la ville ocre de Marrakech qui affiche le taux le plus élevé d'occupation des chambres, soit 62%. La magie de la ville de Marrakech, qui ensorcelle son hôte, ne laisse pas son visiteur indifférent. Les centaines de milliers de touristes des pays européens, notamment, investissent tous les espaces de cette cité, qui ne cesse de grandir et de s'étendre. Au fil des années, elle s'est métamorphosée pour devenir le nouveau paradis des touristes en quête d'évasion, d'inspiration et de rêves. Les Marocains commencent à s'inquiéter de l'avenir et du sort de la place Jamâa El Fna, un lieu mythique qui se rétrécit dans leur cité. « La place ne produit plus de culture populaire telle qu'elle le faisait depuis des siècles. La structure de Marrakech change vertigineusement. Jamâa El Fna a longtemps contribué à intégrer les ruraux et les Berbères dans le tissu socioculturel de Marrakech. Aujourd'hui, Jamâa El Fna semble vouée à n'être qu'un espace marchand, où le créneau de la halqua est de plus en plus réduit. Il est tout de même impensable que la place Jamâa El Fna ne devienne que d'immenses restaurants à ciel ouvert avec un supermarché hétérogène, et ce, au moment où cette place gagnait sa reconnaissance universelle. L'Etat doit opérer par décret pour restituer cette place unique au monde à sa vocation première, c'est-à-dire un espace de création et de liberté », avait déclaré Rachid Amillat, journaliste à la radio MFM Atlas de Marrakech et ancien professeur universitaire, en avril dernier dans les colonnes d'un hebdomadaire marocain. Le vacarme est insoutenable dans cet endroit qui ouvre ses bras à tous les visiteurs enthousiasmés par cette magie de Marrakech, de jour comme de nuit. Selon les statistiques officielles, le nombre des arrivées touristiques dans les hôtels classés de la ville de Marrakech avait atteint le chiffre de 281 500 durant le 1er trimestre, soit une augmentation de 24% par rapport à la même période de l'année 2006. Certains lieux d'hébergement ne veulent pas communiquer le nombre de visiteurs. Marrakech jouit d'un environnement, d'un climat et d'un patrimoine historique, artisanal et culturel, très favorables, autant de paramètres recherchés par les touristes. Cette ville fait rêver ses hôtes. Marrakech est un sanctuaire magique, avec sa nature spirituelle. En 2006, Marrakech avaient accueilli 1,5 million de touristes. La ville ocre compte 900 maisons d'hôtes officiellement. La capacité d'hébergement de la ville vient d'enregistrer une évolution de 7000 lits. Pour cette année, à Marrakech, il est prévu l'ouverture de 23 établissements qui représentent une capacité d'hébergement de 5900 lits. D'ici à 2008, la capacité hôtelière sera portée à 50 000 lits et le nombre de touristes dépassera la barre de 2,5 millions. Aussi, quelque 35 avions atterrissent quotidiennement dans cette ville touristique, alors que la capacité, toujours selon les statistiques officielles, s'élève à 45 avions, mais qui devra encore atteindre 56 avions en 2008. Les Marocains ne veulent pas voir les touristes s'ennuyer. Soucieux de pourvoir la ville de Marrakech et ses environs en infrastructures variées et modernes en mesure de répondre à tous les goûts, les responsables du secteur du tourisme savent que le succès de leur secteur ne repose pas uniquement sur la capacité d'hébergement, mais également sur la création d'animations, d'événements, de loisirs et de sorties culturelles, pour tous les visiteurs qu'ils soient marocains ou étrangers. L'Unesco avait inscrit la place de Jamâa El Fna sur la liste du patrimoine mondial. L'intervention de l'Unesco a permis de relooker cette place incontournable pour chaque visiteur en déplacement à Marrakech. Des aménagements et des transformations qui ont permis à Jamâa El Fna d'accueillir encore plus de monde, avec une présence « invisible » de plusieurs policiers pour assurer la sécurité des visiteurs. Il n'en demeure pas moins qu'il n'y a aucune place au monde qui n'ait pu capitaliser autant de produits culturels authentiques comme celle de Jamâa El Fna de Marrakech. Cette place est non seulement un lieu folklorique mais également un endroit de grande consommation. Chacun peut consommer, selon sa bourse. Depuis les Almoravides, la place de Jamâa El Fna est demeurée un espace qui a toujours servi de défouloir aux populations de la ville. On y croise les charmeurs de serpents, des dompteurs de singes, des troupes folkloriques et théâtrales, des halaiqi, des musiciens, des saltimbanques, des marabouts, des voyantes, des femmes décorant les pieds et les mains au henné. Les commerçants ont également leur place à Jamâa El Fna. Les vendeurs de jus d'orange, d'escargots, de chocolat aphrodisiaque et d'épices, et les cuisiniers du début de la soirée invitent chaque passant à venir déguster leur repas ou un rafraîchissement. Autour de cette place, les commerces de vêtements, d'objets souvenirs, et les hôtels-restaurants avec leurs terrasses prolifèrent. Les artisans des ruelles de la médina créent une multitude d'objets pour les vendre aux passants. Pour l'anecdote, un artisan marqué par le poids de l'âge et la dureté de la vie n'a pas trouvé mieux que de transformer les pneus usagers de différentes dimensions en bacs à fleurs. Un autre commercialise le pain moisi emballé dans les sacs en jute. C'est une ambiance changeante au fil des heures qui s'installe sur cette place. Les associations soucieuses de la préservation du patrimoine culturel de Marrakech s'inquiètent de l'agressivité des activités commerciales. Les riads se sont multipliés pour atteindre les 720, dont 421 sont officiellement déclarés. Bien qu'ils soient déclarés propriétés privées, plusieurs riads sont exploités comme des hôtels haut de gamme. Toutes les facilités sont ainsi accordées pour encourager l'activité touristique. Le problème du foncier ne se pose même pas. Des crédits avec des taux préférentiels sont accordés pour l'immobilier et le tourisme. Les vieilles maisons de la médina aux mille senteurs « s'écoulent » comme des petits pains, avant qu'elles ne soient transformées, en riads, des « nids » luxueux pour les touristes, tout en gardant leur originalité. Marrakech jouit d'un fort potentiel touristique, d'une part, et d'une importante politique de libéralisation du marché, d'autre part, qui ont fait que le marché de l'immobilier bénéficie d'une croissance soutenue. Il est question de la construction de nombreux projets immobiliers et touristiques à Marrakech, pour séduire la clientèle à la recherche de dépaysement, de distraction et de repos. Dans cet élan, les Marocains investissent depuis quelques mois dans l'immobilier à Marrakech, alors qu'à l'origine, les initiateurs des projets ciblaient les citoyens européens et ceux des pays du Golfe. Comme il fallait s'y attendre, la forte demande a entraîné une incroyable flambée des prix des appartements et des villas avec leur charme et leur influence irrésistible. Les préoccupations des artisans pour leur approvisionnement en matière première sont prises en charge par les responsables du secteur. L'Etat marocain les accompagne d'ailleurs dans le programme de promotion de leurs produits au niveau des réseaux de distribution au Maroc et à l'étranger par l'intermédiaire de ses représentants diplomatiques. La société émiratie Emmar compte réaliser la plus grande station de sports d'hiver et d'été de tout le continent africain à 70 km de Marrakech, à Oukaïmeden. Le développement démographique de Marrakech avait encouragé la création des zones urbaines dotées de toutes les commodités. Néanmoins, la priorité vers l'activité touristique provoque des mécontentements. Pour Emmar, il faut que les initiateurs de ce projet touristique pensent aux familles rurales habitant le plateau d'Oukaïmeden, vu que c'est le pâturage privilégié pour tous les bergers de la région. Ils font paître leurs troupeaux à l'emplacement même où le promoteur émirati envisage de construire son projet de station de sports d'hiver et d'été. L'autre visage de Marrakech, c'est le nombre impressionnant de mendiants, de cireurs, de vendeurs ambulants qui sillonnent les rues, et ces faux guides qui recherchent inlassablement les touristes voulant se rendre à Marrakech pour mieux la découvrir. Depuis 1998, cette ville est devenue un chantier à ciel ouvert pour les projets touristiques de grande envergure, c'est incontestablement le fer de lance qui devra permettre au royaume du Maroc, en toute logique, d'accueillir 10 millions de visiteurs vers 2010, un projet déjà mature. Perspectives 2020 Le royaume du Maroc s'est engagé dans une réflexion pour 2020 afin d'être au rendez-vous avec les exigences des touristes, sans perdre de vue l'aspect sécuritaire. Marrakech, la ville aux 7 Saints, vit aujourd'hui un boom dans sa croissance. Néanmoins, les Marrakchis n'arrivent plus à supporter le coût élevé de la vie. Des Marocains, qui n'arrivent plus à faire face à leur quotidien, tombent dans les vices de la prostitution, la pédophilie, l'alcoolisme et la drogue. L'industrie pornographique (hétérosexuelle et homosexuelle) recrute ses acteurs parmi une jeunesse désœuvrée. Des riads seraient, semble-t-il, les théâtres de ces films X informels. Marrakech, c'est aussi la nouvelle destination des stars mondiales, qu'elles soient du monde sportif, du cinéma, de la chanson, des médias, de la couture. Marrakech fait partie de l'agenda des paparazzis. Son développement touristique impressionnant a obligé cette cité à se transformer en un sanctuaire du monde de la nuit. La ville de Marrakech continue à séduire les stars. Elle est tout simplement devenue un temple de la nuit pour les célébrités, en raison de son cadre agréable. Parmi les stars qui ont choisi de résider à Marrakech, figure le comédien, chanteur, auteur et compositeur d'origine arménienne Charles Aznavour. Ce n'est pas fortuit si les Marocains et les touristes étrangers convergent vers « cette capitale » du sud du Royaume chérifien dans les boîtes célèbres de cette ville. Marrakech avec ses jardins, ses espaces verts jonchés de palmiers et autres espèces d'arbres, ses monuments historiques, ses médinas, son artisanat, son architecture multiple, ses bâtiments demeure sans conteste une locomotive pour le développement du tourisme, non seulement pour le Maroc, mais pour le Maghreb aussi. Les bus luxueux et les calèches sillonnent les artères de la ville pour faire découvrir aux « touristes seniors » et aux couples et familles accompagnées de leurs enfants, les quartiers envoûtants et colorés. Le coût d'investissement d'une calèche s'élève à 40 millions de centimes, en dirhams marocains. Pour qu'elle n'entrave pas le développement touristique, la question relative à l'insuffisance de l'eau qui se pose déjà avec acuité vient d'être prise en charge par la construction d'un barrage et d'une station de traitement des eaux usées. L'autoroute Casablanca-Marrakech, opérationnelle depuis la veille de la saison estivale, offre d'autres potentialités qui accompagnent cette ville vers d'autres horizons, vers des services de meilleures qualités. La présence des éléments des services de renseignements et de police est plutôt discrète. Chaque nuit, des policiers en uniforme dans les artères principales et les carrefours, très empruntés par les véhicules et les piétons, régulent les flux des marées humaines et les files de voitures. La nébuleuse El Qaîda veut porter un sérieux coup à l'un des piliers de l'économie du royaume afin d'ébranler les mécanismes huilés du secteur du tourisme marocain, en perpétrant des attentats. Les citoyens marocains que nous avons pu côtoyer, y compris les chauffeurs de taxi, avaient tous condamné les actions terroristes, sachant que leur quotidien dépend essentiellement des touristes. Le tourisme est vital pour leur survie. Les exigences des impératifs du développement du secteur du tourisme à Marrakech avaient mis en branle toute une série de mécanismes, pour maintenir cette région attractive et créer encore d'autres ressources, grâce à ces nouveaux investissements.