Au laboratoire scientifique, toutes les armes utilisées dans le cadre de la lutte antiterroriste ont été répertoriées et fichées grâce au système intégré d'identification balistique (Ibis). Si un attentat est perpétré à Boumerdès, les experts de la balistique récupèrent les douilles et les font entrer dans le système. Celui-ci donne toutes les caractéristiques de l'arme, mais aussi son itinéraire. Une cartographie de la circulation des armes chez les terroristes a été établie. Ce système a été élaboré pour la première fois par deux pays, les USA et le Canada, en 1993. Avant, il fallait au moins dix minutes pour que le système lance sa recherche et aboutisse à l'identité de l'arme. Les derniers équipements innovateurs en la matière permettent aujourd'hui aux services de police algériens d'obtenir ces informations en temps réel. Il ne s'agit pas uniquement du fichier des armes détenues par les terroristes, mais également celles dites légales, c'est-à-dire en possession des services de sécurité. C'est pour cette raison que les experts de la balistique, lorsqu'ils se déplacent sur les lieux d'un attentat, ou d'une embuscade, récupèrent toutes les douilles, que ce soit celles des terroristes, ou celles dites de la riposte, ce qui a permis d'évaluer le nombre des armes utilisées et de déterminer leur « casier judiciaire », c'est-à-dire leurs antécédents criminels. A ce jour, ce fichier a répertorié 14 000 douilles récupérées des terroristes et a permis d'élucider quelque 700 affaires criminelles. Grâce à la masse d'informations que contient ce fichier, les services de sécurité ont réussi à suivre la mobilité des groupes terroristes. Pour nos experts, toutes les armes des terroristes enregistrées ont été subtilisées lors des embuscades et opérations criminelles. Ils expliquent que, durant les années 1990, il y a eu deux cas d'armes introduites sur le territoire national et répertoriées dans le fichier. Il s'agit de la filière des pistolets Uzi et Scorpio, ainsi que la filière de M'sila, de trafic de pistolets de petit calibre. Pour nos interlocuteurs, ni le GSPC ni les contrebandiers n'ont acquis des armes de l'étranger, à partir du moment où toutes leurs opérations de convoyage ont échoué grâce aux services de sécurité. A court terme, il est prévu le recensement et l'enregistrement de toutes les armes détenues légalement par les civils, afin de constituer un troisième fichier, après ceux des terroristes et des services de sécurité. Trente-trois pays, dont l'Algérie (le seul dans le monde arabe et en Afrique), dans le monde sont dotés de cette technologie de pointe. Mieux, le laboratoire vient de s'équiper de la dernière génération d'expertise balistique (BrassTrax), un appareil électronique qui expertise en temps réel la douille. Un autre laboratoire tout nouveau est celui de l'expertise vocale. Des équipements ultramodernes permettant d'identifier une personne à partir d'une voix ont été importés récemment de Russie. Résultat : de nombreuses affaires liées aux menaces par téléphone, à la corruption et à des demandes de rançon après des actes de kidnapping ont été résolues. Ce système aide à obtenir les caractéristiques préliminaires de l'auteur d'une voix inconnue. Les dispositions du code de procédure pénale habilitent la police à recourir à ces moyens. Pour ce qui est de la cybercriminalité, une équipe de spécialistes est chargée de surveiller quotidiennement entre autres les sites subversifs. Là aussi, les perquisitions informatiques ne sont pas clairement définies par la loi, ce qui a poussé les autorités à lancer une réflexion autour de la question à travers un groupe de travail.