Sans tourner le dos à l'Europe et aux Etats-Unis, pays avec lesquels l'Algérie entretient de traditionnelles relations économiques et commerciales, notre pays s'intéresse de plus en plus depuis ces dernières années aux riches monarchies du Golfe qui sont devenues des pôles d'attractivité de capitaux étrangers de première importance et les « dragons » du monde arabe. En un laps de temps très court, les pays du Golfe sont parvenus à prendre la place, voire concurrencer sérieusement et durablement les investissements directs étrangers en provenance des pays du Nord. Le volume des investissements émiratis avait plafonné en 2006 pour atteindre dans l'espace et dans le temps le niveau jamais égalé par un partenaire étranger de 10 milliards de dollars. Avec le Qatar, l'autre émirat tout aussi riche et prospère qui connaît, lui aussi, un boom économique que lui envient même les nations développées, les relations économiques et commerciales connaissent également une évolution significative. Le fait nouveau qui mérite d'être relevé dans les relations rénovées que cherche à tisser l'Algérie avec ces pays réside dans la diversification des secteurs d'activités qui caractérise à présent la coopération bilatérale. Celle-ci se trouve élargie depuis ces dernières années à d'autres domaines que le partenariat dans le secteur énergétique qui constituait auparavant l'unique fenêtre de la coopération entre l'Algérie et les émirats du Golfe. De pays vivant de leurs seules richesses énergétiques, ils ont réussi allégrement à bâtir une économie forte et pérenne apte à survivre, par son potentiel économique et humain, au défi de demain de l'après-pétrole. L'exemple gagnerait à être médité et suivi par des pays comme le nôtre qui peinent à trouver le chemin salutaire et le plus sûr de la croissance économique qui leur permettra de s'affranchir du joug de la manne épuisable du pétrole. Aux Emirats arabes unis, pays classé troisième producteur de pétrole dans le Golfe, les revenus pétroliers n'entrent que pour 25% du Produit intérieur brut (PIB). Au-delà des capitaux et des opportunités d'investissements qu'offrent aujourd'hui ces pays qui ont atteint leur vitesse de croisière en termes de développement et de croissance, leur mérite tient, par ailleurs, au fait d'avoir accumulé un savoir-faire technologique, des capacités de réalisation et managériales dans des domaines vastes et variés qui ne sont pas à dédaigner. En se rapprochant des monarchies du Golfe où il a beaucoup investi, déjà avant son arrivée au pouvoir, lors de sa traversée du désert en choisissant la région comme terre d'accueil et d'exil volontaire, ensuite depuis son investiture à la présidence de la République, Bouteflika dispose de sérieux atouts pour tirer le meilleur avantage des rivalités et des convoitises extérieures que suscite le marché algérien. La France et les Etats-Unis qui se livrent une guerre sourde mais bien réelle pour prendre les meilleures parts de ce marché savent désormais qu'ils doivent compter avec un troisième convive qui a les moyens, les ambitions et l'avantage de la préférence culturelle pour leur damer le pion.