Comme chaque été, d'interminables et incessants cortèges nuptiaux, marquant la célébration de mariages, refont leur apparition pour donner un éclat particulier à l'événement familial et produire, le temps d'une parade ostentatoire sur la place publique, un peu de spectacle à l'endroit de la galerie et beaucoup de plaisir et de bonheur aux tourtereaux convolant en justes noces. Pour la seule commune de Chelghoum Laïd, on dénombre, chaque week-end, entre dix et quinze fêtes de mariage avec un taux de nuptialité atteignant des pics (la vingtaine) durant les mois de juillet et août. La majorité des familles, et quel que soit leur rang social, n'est pas, à vrai dire, regardante sur les dépenses lorsqu'il s'agit de faire sensation parmi le voisinage. Aux longues processions de carrosses rutilants et merveilleusement bichonnés, on prend soin de faire appel à des troupes de folklore et de fantasia pour faire du tape-à-l'œil et mettre un zeste d'ambiance sur l'itinéraire du mari et de sa « dulcinée » blottis à l'arrière d'une décapotable ou d'un 4x4 flambant neuf. Chaque famille rivalise d'ingéniosité pour plaire, et plusieurs d'entres elles font appel à des cavaliers enfourchant de somptueuses montures et escortant dans les plus pures traditions arabes « le vaisseau conjugal » ou à de grosses bécanes encadrant avec une solennité majestueuse la tête du convoi nuptial. Convives pléthoriques, ripaille exubérante, bombance, la fête ne fait que commencer et la boucle ne sera bouclée qu'avec l'organisation d'une sérénade tonitruante devant le domicile conjugal, sur la terrasse ou à la salle des fêtes du coin.