Parce que privés de technologie, les PMA – pays les moins avancés – se retrouvent en marge des bienfaits du développement économique mondial. C'est l'un des principaux facteurs identifiés par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) pour expliquer, en partie, la persistance de la pauvreté au sein des PMA. Cette catégorie compte, faut-il le mentionner, une cinquantaine de pays, dont une trentaine issus de l'Afrique. Dans son rapport 2007 sur les PMA, présenté jeudi dernier à Paris et repris par les agences de presse, la Cnuced soutient que les pays les plus pauvres de la planète ont besoin d'accéder à la science, à la technologie et à l'innovation. Au cas contraire, ils continueraient à produire des biens à faible valeur ajoutée nécessitant une main-d'oeuvre peu qualifiée. Ce qui maintiendra ces pays dans une situation de dépendance. « C'est le cas aujourd'hui », souligne l'agence onusienne. Paradoxalement, les PMA ne sont pas exclus du système économique mondial. Les rédacteurs du rapport relèvent qu'ils sont « fortement intégrés dans l'économie mondiale ». La Cnuced en veut pour preuve l'accroissement des exportations de ces pays ainsi que l'attraction des investissements directs étrangers. Cela n'empêche pas, déplore l'étude onusienne, le maintien des PMA au bas de l'échelle économique et technologique. Illustrant ce retard, l'institution de l'ONU note qu'« il y a 94,3 chercheurs pour un million de personnes dans les PMA contre 313 dans les pays en développement et 3728 dans les pays riches ». De même, la part du matériel technologique dans la structure des biens importés compte pour la moitié au sein des pays en développement, alors que ce niveau descend à 20% dans les pays les plus pauvres. Le rapport revient, également, sur le phénomène de la fuite des cerveaux en alertant d'une tendance à l'accélération dans les pays les plus pauvres. « En 2004, environ un million de personnes qualifiées originaires des PMA vivaient et travaillaient dans des pays développés », écrit la Cnuced. En proportionnel, ce chiffre équivaut à 15% des 6,6 millions de personnes ayant bénéficié d'une formation universitaire dans leur pays d'origine, ajoute la même source. Le document fait observer, par ailleurs, la faiblesse de la mobilisation internationale pour aider financièrement les pays les plus pauvres à surmonter leur décalage technologique. Au moment où l'aide internationale destinée à la gouvernance dans les PMA s'est élevée à 1,3 milliard de dollars entre 2003 et 2005, celle réservée aux technologies agricoles, par exemple, n'a pas dépassé les 12 millions. Un comparatif qui a fait dire au directeur de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi, que « la technologie ne prend pas une place majeure dans les politiques de réduction de la pauvreté ». Tout en constatant que « la libéralisation du commerce ne conduit pas automatiquement à un accroissement de l'apport technologique », Supachai Panitchpakdi recommande « l'adoption de politiques nationales permettant de favoriser et d'absorber les technologies ».