La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a publié, jeudi, un bilan de la situation économique des 49 " pays les moins avancés " (PMA), dont la grande majorité se situe en Afrique subsaharienne. Les PMA ne disposent que de 150 dollars américains par an et par habitant pour la formation du capital dans le secteur privé, l'investissement public dans les infrastructures et la gestion des services publics essentiels (santé, éducation, administration publique, justice et maintien de l'ordre public) contre 1.165 dollars par habitant pour les pays à revenu moyen inférieur, 2.736 dollars pour les pays à revenu moyen supérieur, et 14.008 dollars pour les pays à haut revenu, selon les données de 2006 citées dans ce rapport de la Cnuced. Les dépenses publiques pour l'acquisition de biens et services, y compris la rémunération des fonctionnaires dans les PMA, étaient de 60 dollars par habitant en 2006, contre 295 dollars dans les pays à revenu moyen inférieur à 1.051 dollars dans les pays à fort revenu moyen supérieur et 6.561 dollars dans les pays à revenu. Par ailleurs, en 2008, 19 PMA dépendant de dons (principalement l'aide publique au développement) pour financer plus d'un cinquième de leurs dépenses publiques totales (sur 31 pays pour lesquels des données sont disponibles). Parallèlement, révèle le rapport, la dette extérieure pèse beaucoup plus lourd dans les PMA que dans les autres pays en développement, dans les premiers, elle représente 42 % du revenu national brut, contre 26 % dans les seconds. Les PMA n'occupent qu'une place marginale dans les flux internationaux de capitaux privés. Sur la période 2005 à 2007, ils ont attiré moins de 0,8 % des flux mondiaux d'investissements étrangers directs. En raison des hausses des prix alimentaires survenues entre la fin de 2007 et l'été 2008, le nombre de personnes n'ayant pas un accès suffisant à l'alimentation a augmenté de 100 millions, d'après les estimations du Programme alimentaire mondial. Or, sur les 31 pays dans le monde ayant actuellement besoin d'une importante aide alimentaire, 21 sont des PMA. D'autre part, la malnutrition a augmenté dans les PMA depuis 2000. La consommation alimentaire par habitant mesurée en calories moyennes par habitant et par jour, est tombée de 2.390 calories en 2004 à 2.215 en 2006, la situation s'est probablement aggravée sur la période 2007/2008. Enfin, et d'après les prévisions, la population des PMA devrait presque doubler, passant d'environ 670 millions d'habitants en 2000 à 1,3 milliard en 2030, ce qui augmentera les besoins de ces pays en denrées alimentaires. La crise alimentaire, qui a démarré avant les crises financières et économiques, n'a pas encore disparu et ne doit pas être ignorée par les gouvernements, estime la Cnuced. Bon nombre de pays qui étaient des exportateurs nets de denrées alimentaires dans les années 70 en sont devenus importateurs nets dans la période récente. Aujourd'hui, les pays africains importent environ 25 % de leur alimentation, ce qui représente une facture alimentaire annuelle de 15 milliards de dollars, rappelle la Cnuced. L'organisation indique, en outre, que la productivité agricole reste basse et ne suit pas le rythme de la croissance démographique, de l'urbanisme, de l'augmentation des revenus et de la modification des habitudes alimentaires. Les financements nécessaires pour mener à bien les réformes agricoles vitales sont difficiles à trouver, car les gouvernements sont confrontés à une diminution de leurs ressources financières. Par ailleurs, la suppression des emplois et la baisse des revenus du fait de cette crise rendent plus difficiles la possibilité pour les familles africaines de s'acheter de la nourriture, même dans ce contexte où les prix sont un peu plus bas.La vulnérabilité du continent à de graves pénuries alimentaires et à la famine persistera tant que les causes ne seront pas résolues. Et une répétition de la crise alimentaire de 2008 n'est pas à exclure, si les prix de ces produits de base comme le riz, le blé, le maïs, l'huile de cuisson remontaient de nouveau sur les marchés mondiaux, avertit la Cnuced. Ahmed Saber