L'affaire de dissipation de deniers publics qui vient d'éclater à la GCA et qui a vu l'incarcération de son ex-DG, mardi dernier, à la prison de Djelfa ainsi que l'établissement de 15 mandats d'arrêt pour délit de fuite prend progressivement de l'ampleur. Djelfa : De notre correspondant Lentement mais sûrement était la locution qui conviendrait mieux dans une affaire aussi complexe et tentaculaire que celle de la Générale des concessions agricoles (GCA), objet d'un énorme scandale financier qui s'annonce. Des dizaines de milliards de dinars partis en fumée, une centaine de cadres impliqués et près de 300 entrepreneurs devant être entendus par le magistrat instructeur. A vrai dire, ce sont certaines « réalités » inavouées mais néanmoins perceptibles qui semblaient plutôt lui prêter cette formule dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle était outrageusement prudentielle. Pour preuve, cette affaire a avancé doucement sur le terrain avec une pondération inhabituelle à même de se confondre avec l'attentisme classique provoqué, celui qui est dicté d'en « haut », ne cesse-t-on de clamer ça et là. En effet, de nombreuses personnalités nationales – de très grands pontes – sont théoriquement attendues pour comparaître incessamment devant le juge d'instruction dans le cadre de cette affaire. Voilà l'élément qui semble avoir perturbé le bon déroulement judiciaire de cette affaire à l'allure d'une bombe à retardement. Ce gros détail viendrait aussi expliquer cette attitude emprunte de tergiversations au niveau judiciaire local. Une source crédible nous a fait part que le parquet avait d'abord déchargé la Gendarmerie nationale de ce dossier mettant ainsi fin à l'enquête préliminaire qui était largement entamée depuis 2 mois. A la suite de quoi le dossier n'a été réactivé réellement que dès l'instant où l'ex-DG de la GCA a été incarcéré. Dès lors que quelques prestigieux noms ont commencé à circuler, un ex-parlementaire de très haut rang, un haut fonctionnaire du ministère de l'Agriculture et un wali lors de son exercice dans un département du Sud, des risques à encourir sont apparus sérieusement pour toute personne devant prendre une quelconque décision en ce cas. Fallait-il aller au fond des choses ou s'en abstenir et attendre le mot d'ordre, telle semblait la question lancinante dans les méandres du ministère public à Djelfa. Le dossier était donc resté sous le coude accusant un menu retard qui n'aurait pas été du goût du président de la République, nous a-t-on confié. Seul l'ex-DG de la GCA en a fait les frais, alors que les 3 personnalités nationales suscitées et bien d'autres n'ont pas été inquiétées outre mesure. La réaction du Président a été, dit-on, fulgurante puisque les chefs de cours de la juridiction de Djelfa ont été « purement et simplement remerciés ». Bien qu'en apparence leur mise à l'écart ne soit pas non plus étrangère au coup de gueule qu'a eu le garde des Sceaux qui avait relevé une ribambelle de carences à leur encontre lors de sa dernière visite dans la wilaya de Djelfa. Enfin, il est rapporté qu'après l'entrée en lice du ministre de la Justice sur injonction du Président, l'ex-P/APN et le SG du ministère de l'Agriculture ainsi que l'ex-wali de Laghouat devront être auditionnés dans les jours qui viennent par le magistrat en charge de ce dossier. Notre source avance même que les deux cités en premier seraient déjà sur place dans un endroit « sûr ».