L'ex-président de l'Assemblée populaire nationale, Amar Saâdani, a été refoulé, samedi dernier, au niveau de l'aéroport international d'Alger. L'information donnée hier par notre confrère Le Courrier d'Algérie s'est avérée juste. Alors qu'il s'apprêtait à quitter Alger à destination de la France, la Police des frontières (PAF) lui a signifié qu'il est frappé d'une ISTN (interdiction de sortie du territoire national), ordonnée par la justice. Cette ISTN est liée à l'affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA) dont l'instruction est ouverte au niveau des tribunaux de Djelfa et de Ouargla. Amar Saâdani est impliqué dans une grosse affaire de dissipation de deniers publics au sein de la GCA de Djelfa. Il a été même convoqué dans le cadre de cette affaire le 23 juin 2007 à comparaître devant la chambre d'instruction près le tribunal de Djelfa, mais il n'a pas répondu à la convocation. Cette affaire, qui a éclaté vers la fin de l'année 2006, porte sur des délits de passation de marchés contraire à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d'ouvrages… Des fonds destinés au financement de projets entrant dans le cadre du développement de l'agriculture rurale ont été détournés au profit de nombreux entrepreneurs privés sans qu'aucune réalisation soit effectuée par la suite. Après la découverte du pot aux roses, cette affaire, qui a touché d'autres wilayas du Sud dont Ouargla, a été mise en branle, au début de l'année 2007, par le ministère des Finances, suite à des inspections effectuées par l'IGF et la Cour des comptes pour lever le voile sur un trafic ayant généré d'importantes pertes financières au Trésor public. C'est ainsi que l'IGF avait fait état, dans son rapport adressé au ministre de l'Agriculture, de nombreuses malversations, notamment des doubles paiements de situations de travaux jamais réalisés et des trop-perçus de rémunérations. Ce dossier fait état d'une dilapidation de 4000 milliards de centimes, dont 140 concernent la wilaya de Djelfa, et Amar Saâdani était mêlé à cette affaire par sa société écran Al Karama. L'affaire s'était soldée dans un premier temps par l'inculpation de 46 personnes, parmi lesquelles 5 ont été placées sous mandat de dépôt. Les chefs d'inculpation retenus contre elles sont, entre autres, « faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics, passation de contrats en violation avec la réglementation en vigueur et perception d'avantages illicites ». Au moins 140 cadres de la GCA et près de 300 entrepreneurs sont concernés par les chefs d'inculpation de passation de marchés contraire à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d'ouvrages. A ce jour, il y aurait au moins une dizaine de personnes qui ont été mises sous mandat de dépôt dont les ex-directeurs de la GCA de Djelfa et de Ouargla.