Avec une majorité branlante, l'APC de Mazagran n'en finit pas de filer du mauvais coton. Composée de neuf membres, elle vient d'être réduite consécutivement à la mise à l'écart d'un élu qui n'est autre que l'ancien maire. Sa suspension par le wali fait suite à une enquête dans laquelle sa gestion des affaires de la cité serait remise en cause, notamment suite au passage d'une commission mandatée par l'ancien wali. Sans attendre les conclusions de cette affaire dont le justice serait saisie, le maire actuel, fort de la nouvelle configuration - qui lui donne l'avantage de la voix prépondérante en cas d'égalité -, fait adopter, sans coup férir, le budget supplémentaire bloqué depuis cinq mois par l'opposition regroupée autour de son prédécesseur. Réduite à seulement quatre membres, cette dernière voit son influence fondre comme neige au soleil. Ce qui n'empêchera pas ses éléments de passer à l'offensive pour se faire entendre en adressant un rapport au wali. En fait, il s'agit d'un réquisitoire dans lequel ils reprochent au maire son mode de gestion. Un maire sponsor Ils lui reprochent, entre autres, de favoriser le seul club de football dont il continuerait à assumer la fonction de président de section, ce que ces élus considèrent comme incompatible. Surtout, souligneront-ils, que le maire devient de ce fait le principal sponsor - affirmant que des subventions de 700 millions et de 500 millions de centimes auraient été versées durant les exercices 2003 et 2004 - et le principal bénéficiaire en sa qualité de destinataire desdites subventions. Ils lui attribuent également le paiement des travaux d'un stade à Ouréah pour une somme de 378 millions de centimes alors que ses deux prédécesseurs auraient refusé de certifier la facture de l'entreprise, lui reprochant plusieurs malfaçons. Concernant le logement social, les opposants accusent le maire d'avoir à dessein confié le dossier à la commission de daïra dans laquelle il siège afin de favoriser ses proches. En ce qui concerne l'aide au logement rural, ces élus ne nient point que certains de leurs proches aient bénéficié du FONAL. Mais, selon leurs déclarations, ce serait également le cas pour des proches des autres membres de l'APC demeurés fidèles au P/APC. Les opposants marginalisés La non-application d'une ancienne délibération relative à la mise en vente de matériels de TP réformés est considérée par nos interlocuteurs comme une preuve de dilapidation, d'autant que le parc communal aurait fait l'objet de plusieurs vols. Par ailleurs, ils ne s'expliquent pas le maintien de la fermeture de l'abattoir communal par le maire alors qu'il pourrait constituer une source de revenus pour la commune. Ces opposants se considèrent totalement marginalisés. Le vice-président chargé des finances parle de sa mise à l'écart en insistant sur le fait qu'il n'a même pas accès au courrier qui concerne sa section. Ces élus disent ne pas comprendre les lenteurs de la tutelle à trancher le problème qui les oppose à leur maire depuis plus de six mois. Maintenant que la parité des voix donne au P/APC toutes les prérogatives, ils se demandent s'ils sont encore utiles du moment qu'ils n'ont plus aucune influence sur la gestion. Contacté par nos soins pour donner sa version des faits qui lui sont imputés, le maire de Mazagran réfute les sommes allouées au club de football dont il affirme avoir cédé la présidence à un intérimaire. Il insistera pour dire que le montant global des subventions ne dépasse pas les 400 millions de centimes pour pas moins de quatre associations sportives et trois associations culturelles ainsi que le volet animation estivale. Il rappellera que l'adoption du budget supplémentaire n'est intervenue qu'après cinq séances improductives durant lesquelles l'opposition était en situation majoritaire. La suspension de son prédécesseur a permis un rééquilibrage à son profit qu'il compte exploiter au profit de la gestion des affaires de la cité et de la population. Il insistera pour dire qu'en ce qui concerne le couffin du Ramadhan, l'opposition a refusé de voter la subvention, l'obligeant à acheter à crédit chez un commerçant afin d'être au rendez-vous dès le premier jour. Ce qui se fera, selon lui, par la distribution de 600 couffins à autant de nécessiteux. Le litige qui persiste à la mairie de Mazagran ne semble pas en voie de s'estomper tant les deux parties semblent engagées dans un bras de fer sans fin. Le spectre de la désignation d'un administrateur hante toutes les discussions. Les deux parties sont bien conscientes que l'heure des bilans n'est qu'à quelques mois. Il faudra bien rendre des comptes à ses administrés. Le mieux serait de le faire dans la sérénité. Ce qui est loin d'être le cas. Car il suffirait que les opposants aillent jusqu'au bout de leur logique pour que l'APC reçoive l'onction finale. Curieusement, ni le maire ni ses adversaires n'envisagent le clash. Après trois années de luttes intestines, chacun redoute la chute de l'autre de peur qu'elle ne l'entraîne aux abysses.