La saison estivale impose, plus que toute autre, un devoir de précaution à l'égard des aliments consommés dans les établissements de restauration rapide. C'est généralement dans de tels établissements que sont enregistrés des cas d'intoxication alimentaire causés par l'ingestion de produits avariés. Le plus souvent, ce sont les œufs qui causent le plus de ravage car ils entrent dans la composition des plats rapides genre frites-omelette, des pâtisseries et des glaces. La prolifération des établissements de cuisine rapide multiplie les risques d'atteinte. L'activité, génératrice de profits, n'exige pas des investissements lourds et il suffit d'une plaque chauffante et d'une bouteille de butane pour se lancer dans l'aventure. Toutefois, la restauration est régie par des normes même en matière de cuisine rapide, et notamment celle de la qualification professionnelle. Tout intervenant dans ce secteur doit disposer d'une culture culinaire lui permettant de maîtriser la panoplie des ingrédients et les dosages précis qui participent à la confection d'un plat qui doit correspondre à une grille de saveurs et de goûts qui sous-tendent un dosage calorique. Dans quelles conditions sont préparés les plats au niveau de ces établissements de cuisine rapide où exercent des opérateurs sans expérience certifiée ? Comment se confectionnent la mayonnaise servie aux clients jamais assurés que les œufs, ayant servi à les fabriquer, ont été soumis au test de l'eau ? Un test bien élémentaire qui consiste à plonger les œufs dans une bassine pleine pour vérifier qu'ils ne remontent pas à la surface, donc propres à la consommation. C'est un passage d'autant plus obligé que les œufs sont utilisés en grande quantité dans la restauration rapide. Il est facile d'imaginer les conséquences sur la santé du consommateur d'un œuf avarié. Il y va aussi de la responsabilité des clients qui acceptent de consommer sans savoir ce qu'il y a dans leur assiette ou leur sandwich. Il ne s'agit pas d'un préjugé contre la cuisine rapide, mais du simple rappel au respect des normes d'hygiène des métiers aussi spécialisés que ceux des filières de la restauration. Un cuisinier formé pour assurer des prestations de service est plus nécessaire à la collectivité qu'un restaurateur rapide improvisé. Car il n'y a pas que la cuisine proprement dite, mais tout l'environnement qui va avec en matière de stricte observation de l'hygiène des lieux et des intervenants, en plus de l'impérative assise matérielle en termes de chaîne de froid et d'aération. Des locaux exigus et des installations sommaires sont les marques les plus voyantes de la restauration rapide devenue un phénomène de société. Personne n'imaginerait de confier sa santé à un médecin non attitré, mais des centaines, voire des milliers de consommateurs confient leur estomac aux aléas d'une cuisine rapide dont les effets sont durement ressentis après coup, lorsque l'organisme est déréglé. C'est un problème de civilisation dès lors que les sociétés ont à repartir à la conquête de saines traditions culinaires fortement mises à mal par l'irruption de la restauration rapide qui est l'une des séquelles les plus pernicieuses de la mondialisation avec sa cohorte de produits industriels qui relèvent plus du phénomène de masse que du souci de donner à chacun ce qu'il attend pour être en situation d'équilibre biologique. Lorsque les individus n'ont plus le temps et le plaisir de manger, c'est qu'ils ont perdu aussi celui de vivre.