Selon le ministre de la Justice «aucun Algérien détenu à Guantanamo n'a refusé de revenir dans son pays». L'affaire des Algériens détenus à Guantanamo n'est pas près de connaître son épilogue. Leur extradition est même perçue comme un mirage. A chaque fois que l'on annonce son dénouement, d'autres rebondissements viennent bloquer les négociations. L'absence d'un accord d'extradition entre Alger et Washington serait derrière les difficultés de rapatrier les quelque 17 Algériens de Guantanamo. Après Farouk Ksentini et Mourad Medelci, qui annonçaient la libération proche des locataires de Guantanamo Bay, c'était au tour de l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger de laisser entendre que «les discussions sont en cours avec le gouvernement algérien» et que «les choses avancent». Et pourtant, tout n'est pas aussi évident. La déclaration faite, hier, par le ministre de la Justice et garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz, en marge de la conférence gouvernement-walis vient tout chambouler. «L'Algérie n'acceptera aucune condition» pour le rapatriement des Algériens détenus dans la prison américaine de Guantanamo, affirme Belaïz. Ce dernier a même saisi l'occasion pour répondre indirectement à l'Ong américaine, Human Right Watch, qui affirmait dans son dernier rapport que plus d'une vingtaine de prisonniers algériens au centre de détention de Guantanamo ont refusé leur rapatriement en Algérie, de crainte d'y subir des tortures. «Personne ne pourra interdire aux Algériens le retour dans leur pays, et si ces derniers ont commis des crimes, ils seront jugés selon la loi», a-t-il dit. Avant de poursuivre qu'«aucun Algérien détenu à Guantanamo n'a refusé de revenir dans son pays». Il convient de rappeler que 17 Algériens sont toujours en détention au centre de Guantanamo. Une délégation algérienne de haut niveau s'est rendue sur place et à confirmé leur identité, a précisé M.Belaïz. Washington souhaite remettre aux autorités algériennes ses ressortissants détenus à Guantanamo dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, en conditionnant cette offre à la garantie qu'ils ne subiront pas de «mauvais traitements» et qu'ils ne retourneront pas à l'action terroriste. Ce que, apparemment, aurait déplu à l'Algérie qui estime que ces deux conditions constituent une immixtion dans ses affaires intérieures. Les objections de prisonniers algériens, dont le rapatriement est envisagé en perspective de la fermeture de ce centre tant décrié pour son statut hors normes du droit international, se basent sur la décision de la juge à la Cour fédérale US, rendue publique et qui «interdit le rapatriement de tout détenu de Guantanamo, contre son gré, dans tout pays qui connaît ou ayant connu, par le passé, des pratiques de violence contre les prisonniers». Les prisonniers algériens à Guantanamo suivraient en cela la démarche d'un autre détenu algérien du pénitencier, Ahmed Belbacha, qui a refusé d¹être rapatrié en Algérie et a demandé à bénéficier de l'asile politique aux Etats-Unis à défaut d¹être admis dans un pays tiers, rapporte le même journal. L'affaire Hattab n'a pas été en reste dans les déclarations du ministre de la Justice. Ce dernier a indiqué que l'ancien chef et fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), Hassan Hattab, dont le procès doit s'ouvrir à partir du 4 novembre à Alger, «sera jugé selon la loi». Hassan Hattab s'est rendu aux autorités le 22 septembre. Il sera jugé notamment pour ´´création et appartenance à une organisation terroriste, assassinat avec préméditation et utilisation d'explosifs dans des lieux publics´´. Interrogé sur les critiques d'Interpol quant au traitement par la justice algérienne des affaires économiques, M.Belaïz a relevé que «ce genre d'affaires nécessite du temps pour son expertise». Ce qui est à retenir du dossier des Algériens de Guantanamo, c'est le deux poids, deux mesures des autorités américaines. En effet, plusieurs détenus ont déjà été extradés vers des pays dont la violation des droits de l'homme n'est un secret pour personne.