La secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, était, la fin de la semaine écoulée, de nouveau dans la région du Proche-Orient, cette fois, avec un nouveau dossier à défendre : celui de la conférence internationale de paix que devrait organiser la direction américaine au cours de l'automne prochain. Ghaza : De notre correspondant Il ne s'agira pas d'une quelconque « séance photo », a dit la secrétaire d'Etat pour marquer le sérieux et l'importance de cette conférence pour la concrétisation d'une paix durable dans la région. Mme Rice s'est prononcée, jeudi à Ramallah, en Cisjordanie occupée, en faveur d'un dialogue approfondi entre Israël et les Palestiniens sur les modalités de création d'un futur Etat palestinien. Et comme si l'accord du gouvernement israélien de discuter de questions fondamentales qui conduiront à la création d'un Etat palestinien était, à lui seul, une énorme concession de sa part, que les Palestiniens devraient payer d'une façon ou d'une autre, Mme Rice a insisté sur ce point au cours de la conférence de presse conjointe avec le président palestinien Mahmoud Abbas. « Je soulignerai qu'une fois encore le Premier ministre israélien (Ehoud Olmert) s'est dit prêt à discuter d'étapes fondamentales qui conduiront à l'établissement d'un Etat palestinien », a-t-elle insisté. « Et je crois qu'il devrait y avoir un approfondissement du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens sur tous les aspects du processus de fondation d'un Etat palestinien. » Pour les Palestiniens, les questions fondamentales sont les frontières, celles d'avant l'occupation par Israël en 1967, de la Cisjordanie, de la bande de Ghaza et de la ville sainte d'Al Qods, des réfugiés et de l'eau. Le président Abbas l'a reconfirmé au cours de la conférence de presse. Il a dit qu'il était important pour les Palestiniens de « savoir ce que sera le résultat, ce que sera l'aboutissement » de leurs négociations avec Israël, allusion à leur aspiration à un Etat indépendant, souverain et viable. « Mais en ce qui concerne les phases d'application, on pourra en discuter plus tard », a-t-il annoncé. Hamas dénonce Pour une fois, Mme Rice a paru vouloir renforcer le président Abbas en disant : « Au final, il faudra résoudre la question des réfugiés, des frontières et de Jérusalem. » En ce qui concerne le Premier ministre israélien qui cherche à échapper à la mort politique qui l'attend à coup sûr s'il n'arrive pas à améliorer sa cote de popularité au sein de la société israélienne, les négociations de paix avec les Palestiniens sont peut-être son ultime chance. Mais, malheureusement, au lieu de profiter de l'aubaine que pourrait représenter la conférence de paix proposée par Washington pour aller au fond des choses, une fois pour toutes avec les Palestiniens, Olmert paraît plus intéressé par une forte présence des pays arabes, surtout ceux qui ne disposent pas de relations politiques avec l'Etat hébreu, ce qui renforce le pessimisme des Palestiniens de voir cette conférence leur apporter des solutions concrètes à leur catastrophe qui dure depuis près de 60 ans. Au cours de cette visite, la première après la domination totale du Hamas sur la bande de Ghaza, au mois de juin dernier, Mme Rice a signé un accord avec le Premier ministre Salam Fayad, aux termes duquel les Etats-Unis consacreront 80 millions de dollars au renforcement des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le président Abbas a déclaré : « Nous poursuivrons nos efforts pour améliorer la situation en matière de sécurité. » La visite de Mme Rice a été vivement dénoncée par le Hamas, surtout pour son parti pris avec le président Abbas et son mouvement Fatah. « Rice n'est pas venue dans la région pour établir un Etat palestinien, comme elle et son maître Bush l'affirment, mais en revanche, elle est venue pour soutenir un parti palestinien contre un autre, et pour soutenir l'occupation sioniste », a déclaré le porte-parole du Mouvement de la résistance islamique Sami Abou Zouhri. Deux baccalauréats Le Hamas, de plus en plus isolé et marginalisé depuis son coup de force contre les services sécuritaires de l'Autorité palestinienne dans la bande de Ghaza, refuse toujours les conditions posées par le président Abbas pour un retour au dialogue avec le Fatah. La déchirure entre la bande de Ghaza et la Cisjordanie où l'influence du Hamas paraît beaucoup moins importante, s'approfondit de jour en jour. Dans ce contexte, les résultats du bac ont été annoncés, jeudi, pour les élèves de la bande de Ghaza, ce qui a soulevé un véritable tollé à Ramallah en Cisjordanie où les résultats n'ont pas encore paru. Le ministre palestinien de l'Information, Riyad Al Malki, a déclaré que le gouvernement de Fayad ne reconnaît pas ces résultats et a considéré comme faux, tout diplôme signé par un responsable du Hamas. Cette évolution a semé une véritable panique parmi des dizaines de milliers d'élèves ainsi que leurs parents. Sur le plan sécuritaire, le mouvement du Djihad islamique semble devenir la cible privilégiée des hommes armés du Hamas et des soldats israéliens. Plusieurs accrochages armés entre les militants des deux camps ont été enregistrés depuis le contrôle de la bande de Ghaza par le Hamas. Les plus forts sont ceux de jeudi passé, au cours desquels deux éléments du Djihad ont été tués et plusieurs autres ont été blessés. De son côté, une force de l'armée israélienne a tué un dirigeant du Djihad islamique, tôt hier matin, à Naplouse, en Cisjordanie occupée.