L'arrêt durant plusieurs jours de la cimenterie de Hadjar Soud, implantée dans la wilaya de Skikda, a entraîné la pénurie du ciment gris dans la majorité des régions de l'est du pays. Particulièrement dans la wilaya de Annaba où la commercialisation au noir de ce matériau de construction fait l'affaire des spéculateurs. Ils en ont profité pour fixer un prix variant entre 500 et 600 DA le sac de 50 kg « à prendre ou à laisser ». La rareté du ciment gris est venue s'ajouter à celle persistante du sable de construction. L'indisponibilité de ces deux matériaux a entraîné l'arrêt de tous les projets. Approvisionnées au même titre que Guelma et Skikda par l'unité de production de Hadjar Soud pour le ciment et par les sablières de Chatt et de Guerbez pour le sable, Annaba et El Tarf sont les plus touchées par la pénurie. Leur surexploitation par des concessionnaires représentant une réelle atteinte à l'environnement, ces deux sablières ont été mises à l'arrêt depuis plusieurs mois. Ce qui a contraint les entrepreneurs et autres bâtisseurs à s'approvisionner à partir des sablières de la wilaya de Tébessa. Habituellement payé à 2500 DA, puis à 5000 DA avant la fermeture des deux carrières de Chatt et de Guerbez, le camion de sable de 7 t en provenance de Tébessa est cédé entre 14 000 et 15 000 DA. Conséquence : la totalité des projets de réalisation des équipements publics et de logements dans la wilaya de Annaba sont à l'arrêt. Des milliers de travailleurs du bâtiment ont été mis au chômage technique. Secouées par les nombreuses mises en demeure qui leur sont adressées par les maîtres d'ouvrage, des entreprises de réalisation ont été contraintes d'abandonner les projets dont elles ont la charge. « Depuis plusieurs jours, les ciments gris et blanc ainsi que le sable sont indisponibles sur le marché. Une panne survenue à la cimenterie de Hadjar Soud a suffi pour mettre à l'arrêt instantané l'ensemble des chantiers dans les wilayas de Annaba, Guelma, El Tarf et Skikda approvisionnées par cette unité. Avec la fermeture des sablières de Chatt et de Gerbez, c'est un autre problème qui s'est posé. D'autant que le contrôle technique de la construction rejette toute idée d'utilisation du sable de carrière testé à l'écrasement à 180 kg/cm2 alors qu'il en faut 200 à 14 jours et 280 à 28 jours. Pour nous, promoteurs, c'est vraiment une catastrophe », considère M. Lahmar, promoteur immobilier à Annaba. Si du côté de la cimenterie de Hadjar Soud, les responsables se refusent à tout contact avec les représentants de la presse, les chefs d'entreprises du bâtiment et les promoteurs ne savent plus quoi faire. Même si une des deux chaînes de production de la cimenterie de Hadjar Soud a été remise en état de fonctionnement ces derniers jours. « Il est plus que nécessaire que les responsables de l'entreprise du ciment pensent à renouveler leurs équipements de production qui datent des années 1970. Il y a également ce phénomène d'indisponibilité du ciment à l'usine de production, alors qu'il est disponible en quantités importantes chez les spéculateurs. Il est indispensable que l'on réfléchisse sérieusement à la mise en place d'un système de régulation du marché », a estimé un des plus importants entrepreneurs en bâtiment ayant requis l'anonymat.