Redoutée depuis plusieurs mois, la pénurie de ciment a fini par provoquer d'énormes perturbations au niveau des chantiers de construction à travers plusieurs régions du pays. A l'est, à l'ouest comme au centre du pays, les entreprises activant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics sont de plus en plus contraintes à la suspension momentanée de leurs travaux suite à une pénurie de ciment qui commence à prendre des proportions importantes. Cette situation a vite laissé place à une forte spéculation qui règne actuellement sur le marché du ciment avec tous les effets qu'elle entraîne comme la hausse vertigineuse des prix. La pression qui sévit déjà, depuis des mois, sur le marché des matériaux de construction fait réagir, les entrepreneurs qui font appel aux pouvoirs publics pour intervenir et mettre fin à cette anarchie. En tout cas, tous les témoignages s'accordent sur le constat que cette pénurie a laissé place au circuit informel où les prix dépassent la barre des 600 dinars pour un sac de ciment ordinaire alors que d'habitude il est cédé à moins de 300 dinars ; le ciment blanc se vend à plus de 1800 dinars dans certaines régions, son prix réglementaire ne dépassant pas 700 dinars le sac. A l'est du pays, c'est la Confédération générale des opérateurs économiques algériens qui réagit pour dénoncer les perturbations auxquelles est confrontée la distribution des matériaux de construction et qui remettent en cause l'approvisionnement régulier des chantiers. Selon la même organisation patronale, la pénurie de ce matériau de construction est due à la diminution de la production au niveau de l'usine de Hadjar Essoud, dans la wilaya de Skikda, dont une chaîne de production est mise à l'arrêt pour subir des travaux d'entretien. Le ralentissement du rythme de production au niveau de cette cimenterie a fait que les entreprises de construction activant dans les localités de l'est du pays acquièrent difficilement les bons de livraison et les quantités qui leurs sont livrées au bout de plus de quinze jours d'attente sont très en deçà de celles demandées. Dans certaines régions où l'avancement des projets de construction marque le pas, les autorités locales ont fini par réagir, à l'instar de Annaba où les responsables de la wilaya ont saisi la société de gestion des participations (SGP), dont dépendent les cimenteries, pour tenter de trouver une issue à cet épineux problème. Au centre du pays la situation n'est guère reluisante, car les entreprises de réalisation et les constructeurs privés n'ont que le marché informel pour s'assurer la continuité des approvisionnements. Au niveau de ces points de vente informels, qui pullulent notamment dans des wilayas comme Tizi Ouzou, les prix sont inaccessibles car dépassant de loin la barre des 500 dinars le sac. Les revendeurs, dans tous les cas de figure, rejettent toute responsabilité en faisant admettre que les prix augmentent en fonction des prix pratiqués par les grossistes. Et c'est au niveau de ces derniers (les grossistes) que la spéculation semble prendre racine. En effet, il n'y a aucune raison pour que les prix augmentent au centre du pays, puisque les cimenteries de cette région fonctionnent à plein régime, à savoir celles de Sour El Ghozlane, Meftah, Chlef et ACC de M'sila. Ce qui laisse déduire que la pénurie a été provoquée par ces grossistes qui procèdent à l'absorption de toutes les quantités mises sur le marché afin d'augmenter les prix à leur guise une fois l'offre est déséquilibrée.