Je rends hommage à l'Algérie et à son gouvernement pour sa position constante de soutien à notre pays dans le dossier du nucléaire malgré la mobilisation de toutes les énergies de certains pays pour isoler l'Iran. » Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui animait hier une conférence de presse à la résidence d'Etat de Zéralda, s'est répandu en louanges à l'égard de notre pays. Il voulait visiblement éviter les sujets qui fâchent pour mieux entretenir la lune de miel entre son pays et l'Algérie. Y compris quand il a été interrogé sur le gel par son pays de sa reconnaissance de la République sahraouie juste après le passage de Mohammed VI à Téhéran. En dix secondes, le président iranien a « plié » la question par cette petite phrase sibylline : « L'Iran n'est pas revenu sur la reconnaissance de la RASD, ni modifié sa position à l'égard de ce conflit. Nous, nous plaidons pour que ce conflit soit réglé par la voie du dialogue et le respect de la justice. » Or, tout le monde sait que ce pays avait suspendu sa reconnaissance de la RASD juste après le rétablissement des relations diplomatiques avec l'Algérie, soit quelques jours après la visite d'Etat de Bouteflika à Téhéran en octobre 2003. Parfaitement à l'aise sur les questions relatives au dossier du nucléaire civil et son contentieux avec les USA qu'il qualifie, le sourire en coin, de « grand Satan », ou encore l'éventuelle création d'une Opep du gaz et la coopération multisectorielle avec l'Algérie, la question de la RASD est tombée comme un cheveu dans la soupe de Mahmoud Ahmadinejad. Au même titre d'ailleurs que le contentieux de son pays avec les Emirats arabes unis à propos de la souveraineté sur les îles de la région sur lequel il a été interrogé par notre confrère de La Tribune. « Notre pays entretient d'excellentes relations avec nos voisins des Emirats, en témoigne le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays qui s'élève à plus de 11 milliards de dollars par an », affirme encore le président de la République islamique d'Iran. Et il souhaite que son pays arrive à un même niveau de coopération avec l'Algérie. Ceci d'autant plus qu'il n'a pas caché sa satisfaction de la « convergence des vues » entre son pays et l'Algérie sur « toutes les questions politiques internationales ». La lune de miel Venu surtout chercher un soutien diplomatique d'Alger face aux pressions de la communauté internationale, Ahmadinejad s'est félicité de la réponse du gouvernement algérien. « Nous sommes d'accord avec nos amis algériens », a-t-il lancé aux journalistes. Et pour cause, le président Bouteflika lui a apporté un soutien inespéré en jugeant « inadmissible que soit contrarié le droit légitime et conventionnel des pays membres du traité de non-prolifération des armes nucléaires, d'acquérir les technologies nucléaires à des fins strictement pacifiques et de développement ». Et au président Ahmadinejad de hausser le ton : « Le peuple iranien ne se laissera pas faire et poursuivra ses efforts pour l'acquisition de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. » L'objectif fondamental de la visite acquis, le président de la République islamique d'Iran offre les services de son pays pour un partenariat « à tous les niveaux » en guise de renvoi d'ascenseur. Quid du terrorisme international ? Le conférencier pointe un doigt vers les grandes puissances qui veulent, a-t-il dit, « imposer leur hégémonie au monde pour piller les ressources et protéger leurs intérêts, contribuant ainsi à l'exacerbation du terrorisme ». Ahmadinejad, qui concède que « le terrorisme est un phénomène négatif », justifie presque le recours comme seul moyen de « contrer les grandes puissances » et accuse les Américains et les « sionistes de massacrer des enfants, des femmes et des vieillards en Irak et Al Qods ». Le président iranien a enfin suggéré que l'idée d'une Opep du gaz est sérieuse et qu'il est favorable à ce que les pays producteurs de cette énergie « coordonnent leurs efforts pour défendre leurs intérêts ». Ce fut d'ailleurs le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui était venu à la résidence d'Etat de Zéralda l'accompagner, à la fin de la conférence de presse, au palais de la présidence où l'attendait Bouteflika pour un tête-à-tête.