Voulez-vous rompre avec la grisaille quotidienne ? Alors, c'est à Staouéli qu'il faut aller. Sortie onéreuse ? Peut-être pas, au vu des myriades de familles en quête de fraîcheur nocturne qui y vont chaque soir. Une manière de fuir la monotonie quotidienne. Ce pli, elles l'ont déjà pris. Car, à nouveau, elles se donnent rendez-vous dans cette paisible localité devenue une de leurs destinations préférées, l'été venu. Ces familles y trouvent un espace de détente mais à un prix qu'elles ont déjà fixé. La modeste bourse est quelque peu déliée bien avant que le serveur ne se présente avec la fameuse addition. Après Aïn Benian, on arrive à Stah El Wali (Plateau du Saint), comme certains chercheurs le désignent, qui s'annonce par une interminable file de voitures. Impatients, les conducteurs avancent par à-coups. Après s'être dégagés de l'encombrement provoqué par le flux considérable des véhicules de vacanciers qui affluent de toute part, ces mêmes conducteurs s'exposent à une difficulté due à l'inexistence flagrante de parkings, talon d'Achille de cette charmante ville. « Il est vraiment désolant de voir un tel endroit aussi attrayant comme Staouéli sans parking », maugrée un émigré établi en Angleterre. Aux alentours du centre-ville, les ruelles sont utilisées comme des aires de stationnement. Une véritable chasse gardée de jeunes désœuvrés qu'on nomme ici « parkingueurs ». Ils se proposent comme gardiens moyennant 50 dinars par véhicule. Le lieu où garer sa voiture est enfin trouvé. Quelle aubaine ! Direction le boulevard Ammar Gaci, où se concentrent les restaurants aux spécialités variées. Citons, entre autre, le Cristal, le Tassili, Anis youm et le Capricorne. Outre les grillades, des poissons et des pizzas y sont proposés. On y sert aussi des glaces et des boissons rafraîchissantes. L'endroit, embelli par des enseignes lumineuses, laisse apparaître une propreté relative. « Les conditions de sécurité ont rendu possible une atmosphère caractérisée par une ambiance joyeuse avec des airs de vacances. Mes enfants s'y plaisent. Ce qui me donne envie d'y revenir bientôt », confie une visiteuse. De part et d'autre de la rue, les terrasses accueillent une clientèle issue principalement de la classe moyenne. A en croire certains de leurs propos, la baisse de leur pouvoir d'achat ne leur permet pas de goûter aux attraits des grandes évasions. « Mes moyens sont limités et ils ne me permettent pas d'aller ni en Tunisie ni de me livrer au farniente. Je viens souvent à Staouéli en compagnie de ma petite famille. Je maintiens l'illusion d'être en vacances. C'est astucieux, mais c'est réconfortant surtout pour les gosses », a avoué un praticien. Après avoir dîné, les familles ont droit à une balade. Des rois de la débrouille, en l'occurrence des jeunes vendeurs, leur proposent des articles de décoration ou des jouets pour les enfants. Du côté des gérants des restaurants, ce n'est guère la période faste. Ils sont unanimes à affirmer que la saison a été perturbée. « Nous avons passé le mois de juin à entreprendre des aménagements exigés par les pouvoirs publics pour être conformes à la nouvelle réglementation. En juillet, au moment où nous nous attendions à une affluence de clients, plusieurs rues ont été fermées à la circulation. Les clients ont été lassés par les embouteillages. Ils ont opté, alors, pour Draria », a expliqué un gérant. Son voisin n'a pas dissimulé sa grogne. « J'ai investi plus de 70 millions pour relooker mon restaurant. En pleine période d'exercice, je suis surpris par les déviations qui ont fait fuir nos clients. Si ça continue, je changerai d'activité », a-t-il déclaré. Un propriétaire d'un restaurant assez chic, reconnaît, tout de même, qu'une bonne partie de la clientèle vient de renouer avec les grill-rooms et les salons de Staouéli. « Une partie de cette clientèle est composée par certains parents de nouveaux bacheliers. Venir, à Staouéli, est une manière de féliciter après avoir subi le calvaire des inscriptions universitaires. » « L'autre partie est représentée par les aoûtiens », a-t-il indiqué. Au moment où l'on parle de la relance de l'activité touristique, la ville de Staouéli ne dispose même pas d'un parking. « Aussi simple soit-il, ce détail est d'une importante nécessité. Cela fait plus de dix ans que l'Apc a promis de le réaliser. Aucune action concrète n'a été entamée en ce sens », a affirmé un propriétaire d'un salon.