En juillet et août, à Boumerdès le caractère « touristique » prime sur celui d'« universitaire » pour lequel est connue la ville qui a abrité le premier gouvernement de l'Algérie indépendante. En effet, des estivants venus de toutes parts, bien qu'ils se fassent de moins en moins nombreux, remplissent les espaces situés près des plages, lui conférant ainsi le cachet propre aux villes côtières durant la période des grandes chaleurs. Si sur le plan infrastructures, Boumerdès a encore un long chemin à faire pour parvenir aux « standards », vu qu'elle est quasiment dépourvue de ce qui ferait d'elle une région réellement touristique, sa nature ne laisse pas indifférent. De belles plages, dont une bonne partie est encore quelque peu à l'abri de la grande pollution, tout le long de sa côte sur presque une centaine de kilomètres ; des voies d'accès multiples et des espaces permettant de profiter des bienfaits de la plage sans être bousculé. De Boudouaou El Bahri à l'ouest jusqu'à Zemmouri à l'est, des dizaines de kilomètres carrés de sable dont Dame Nature a gratifié ce coin de l'Algérie et où les estivants sont contents de se rendre. Mais ce sont les trois plages de la ville de Boumerdès qui attirent la plupart des gens qui se rendent dans les plages de cette wilaya. Deux raisons sont avancées à cela : l'accessibilité et la sécurité. En effet, tout au long de la journée, l'artère menant de la gare ferroviaire au bord de la mer se remplit de monde dont la quasi-totalité, tel le pèlerin avec son bâton, décline sa destination par l'attirail dont elle est chargée : parasols, chaises pliantes, sacs de vacances appuient en effet la tenue vestimentaire distinguant les « gens de la mer » pendant l'été. Se baigner en paix Mais l'engouement de jadis pour les plages tend drastiquement à diminuer. « Je ne trouve plus la paix qui devrait être dans les plages de mon pays », s'indigne un habitant de Boumerdès avec qui nous avons eu une discussion sur le séjour au bord de la mer pendant l'été. A Boumerdès, nous avons rencontré des gens qui ont décidé de ne s'y rendre qu'en dehors de la saison estivale. Lorsque la mer retrouve son calme et qu'il n'y a personne pour vous déranger. Lorsqu'il n'y a personne pour filmer, à l'aide d'appareils portables, très discrètement bien sûr, les jeunes filles et parfois toute une famille en maillot de bain. Et, sincèrement, dans une plage où il n'y a pas de toilettes, comme c'est le cas dans la quasi-totalité de nos plages, où voulez-vous qu'une femme fasse ses besoins ? J'ai été moi-même désagréablement surpris en voyant des choses incroyables dans les eaux. Et comme si tout cela ne suffisait pas pour vous dissuader d'aller à la plage, les autorités se font complices d'un racket qu'elles ont légalisé. « De quel droit un voyou vient-il vous extorquer 50 DA lorsque vous marquez un arrêt sur le front de mer, se réclamant du team du gardiennage ? Pourquoi ces « gardiens de parkings », autorisés par la mairie m'a-t-on dit, exigent-ils le double du prix convenu avec les responsables les ayant autorisés à se livrer à de telles extorsions ? Au lieu d'assurer eux-mêmes la sécurité des citoyens, les pouvoirs publics font de la sous-traitance avec des délinquants. Voilà tout le problème. Pourquoi des parasols sont plantés sur des espaces entiers par ces individus qui se sont ainsi approprié des espaces censés être publics ? Ce sont là autant de problèmes qui méritent d'être résolus si l'on veut commencer à penser sérieusement à faire respecter la liberté de tout un chacun à profiter des ressources naturelles du pays » nous dit notre interlocuteur. Transhumance vers l'ouest Ce qui devrait être un moment de plaisir, de farniente et de joie, tourne au supplice pour beaucoup de citoyens. « Les autorités lancent tambour battant la saison estivale au début de juin de chaque année. Mais avant et après, rien n'est fait pour assurer un séjour agréable aux estivants. Je plains ces gens qui nous viennent du sud et de wilayas lointaines. Ils doivent être déçus au plus haut point », commente un autre habitant de la région. Boumerdès est l'une des plus belles régions du pays. Mais les autorités doivent se montrer plus soucieuses de la situation du tourisme dans la région. « Nous constatons qu'il existe un contraste entre les possibilités que nous offrent la nature et l'action des responsables. En tout cas, Boumerdès n'a pas été, jusqu'ici au moins, à la hauteur de ce qui est demandé d'elle. La preuve en est que les habitants d'Alger Est se rendent tous à l'ouest de la capitale pour leurs vacances », ajoute notre interlocuteur.