A quoi servent les milliards de dollars amassés grâce à la hausse des prix du pétrole dans une situation de dépendance économique ? A peu de chose, visiblement. La flambée spectaculaire des prix des produits de première nécessité connue par l'Algérie, ces derniers mois, a mis à nu la défaillance des politiques gouvernementales adoptées depuis la dernière tripartite, gouvernement-UGTA-patronat, organisée en octobre 2006. Voulant coûte que coûte acheter une paix sociale à travers une augmentation dérisoire du salaire minimum garanti (SNMG) et la mise en œuvre du pacte économique et social, les autorités ont visiblement fait de mauvais calculs. Le replâtrage ne paye pas. Quelques mois seulement après l'entrée en vigueur de « l'augmentation des salaires », le 1er janvier 2007, on se retrouve à la case départ : le pouvoir d'achat des citoyens s'est érodé, les produits de consommation sont hors de portée et les réserves de change s'accumulent (près de 80 milliards de dollars). En ce sens, l'Etat donne l'impression de ne pas savoir quoi en faire. En effet, le fossé se creuse davantage entre le discours des décideurs qui se veut rassurant et le terrain qui traduit une réalité de plus en plus sombre. Mais on ne semble toujours pas tirer les leçons qu'il faut des échecs passés. Le gouvernement a bien tenté de calmer le front social en faisant miroiter notamment des augmentations conséquentes des salaires à la faveur de la nouvelle grille des salaires qui doit être adoptée au début du mois prochain, mais dans ses calculs, l'Exécutif paraît s'être trompé. Bousculé par plusieurs échéances, en l'occurrence les rentrées sociale, scolaire et universitaire ainsi que l'arrivée du mois du Ramadhan, il donne même l'impression d'être acculé. L'intervention impromptue, samedi, du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, peut en être la preuve. Devant un parterre de journalistes, le représentant du gouvernement annonce « les mesures prises pour faire face aux pénuries ». « Pas d'augmentation des prix du lait et du pain. La politique des subventions par l'Etat pour les deux produits sera maintenue. C'est une décision du gouvernement », clame-t-il. Selon lui, quelle que soit la situation du marché mondial, « le Trésor public continuera à prendre en charge le différentiel du prix ». Pour la pomme de terre, autre produit dont le prix dépasse la barre de 50 DA le kilo depuis maintenant une année, El Hachemi Djaâboub semble avoir trouvé la parade : « L'importation et la baisse de la TVA. » Comment ? C'est trop compliqué et pas dans l'immédiat. « Si le prix de la pomme de terre ne baisse pas à 45 DA avec les quantités devant être importées au cours de cette semaine, l'Etat ira jusqu'à supprimer le droit de douane et la TVA pour l'importation de ce légume », déclare-t-il encore. Pourvu que la tempête passe et que « la paix sociale » soit sauvegardée. Mais ça ne sera quand même pas évident, car la flambée est générale et il faut bien plus que des solutions de replâtrage pour régler le problème. A ce propos justement, le ministre du Commerce précise que la suppression de la TVA ne se fera pas demain. Il faut que la mesure soit incluse dans la loi de finances 2008 qui sera soumise à l'approbation des députés durant la session d'automne du Parlement. Donc, la mesure n'interviendra pas avant le début de l'année prochaine, par conséquent le prix de cette denrée alimentaire de base ne baissera probablement pas en septembre. Espérons tout de même le contraire. Cela dit, au lieu de tracer une stratégie productive en investissant et en encourageant le secteur productif, les pouvoirs publics sombrent dans une hibernation inexplicable. L'essentiel est de présenter une façade luisante. Le pourrissement ne se voit pas de l'extérieur.