Si la chute du prix du baril de pétrole persiste, la sécurité alimentaire des Algériens sera menacée. L'extraordinaire matelas financier cumulé ces dernières années, grâce aux records historiques établis, jour après jour, par les cours de l'or noir, risque fort de fondre comme neige au soleil si la dégringolade des prix du pétrole n'est pas enrayée. Les exportations en hydrocarbures devraient rapporter quelque 77 milliards de dollars au Trésor public. Un chiffre qui a dû être revu à la baisse par le ministre de l'Energie et des Mines. Chakib Khelil avait, en effet, annoncé, sans doute un peu prématurément, la coquette somme de 80 milliards de dollars pour l'année 2008. La crise financière étant passée par là, elle a entraîné dans son sillage, la chute spectaculaire des prix du baril de pétrole, mettant ainsi fin à une embellie qui a connu son apogée un certain 11 juillet où l'or noir avait culminé à plus de 147 dollars. La baisse de la production de pétrole mise en application le 1er novembre, dans le cadre de la décision prise par l'Opep, le 24 octobre, pour mettre fin à la glissade des prix du pétrole, coûtera à l'Algérie 2 milliards de dollars, soit l'équivalent de deux années d'exportations hors hydrocarbures. La réunion du 17 décembre à Oran, qui rassemblera les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, est porteuse de décisions importantes, nous informe le président de l'Opep. L'on se dirige, sans aucun doute, vers une seconde réduction de la production pétrolière du cartel. A combien s'élèvera-t-elle et combien coûtera-t-elle à l'économie algérienne? L'heure des comptes semble avoir, en tous les cas, sonné. La polémique a trop tourné autour des placements algériens à l'étranger, et aux Etats-Unis en particulier. Caricaturée, la situation économique objective face à la crise financière mondiale, repose sur deux critères: le prix du pétrole qui lui assure la quasi-totalité de ses recettes en devises et ses importations. Un déséquilibre entre ces deux données, représenterait le pire des scénarii. Nos réserves en devises, qui ont atteint 139 milliards de dollars, devraient nous assurer deux à trois années d'importations, nous a fait savoir Ahmed Ouyahia, dans le pire des cas. Le Premier ministre était intervenu en plein débat sur la crise financière internationale pour soutenir mordicus le gouverneur de la Banque d'Algérie et son ministre des Finances qui affirmaient, de leur côté, que l'Algérie n'était pas touchée par cette crise financière qui a tout de même fait mordre la poussière à la 4e banque américaine, Lehman Brothers. Les choses sont ce qu'elles sont. Le système financier algérien est déconnecté du système boursier international, mais pas le baril de pétrole coté en devise américaine et qui fluctue au gré et des spéculateurs et de la situation de l'économie mondiale qui est entrée en récession. Le schéma est simple: le ralentissement de la croissance mondiale fait que les pays industrialisés, gros consommateurs de pétrole, achètent moins d'or noir. Cela se répercute directement sur les cours des prix et des économies mono-exportatrices telles que l'économie nationale étroitement dépendante de ses exportations en hydrocarbures. Hormis le pétrole et le gaz, les autres exportations estimées, bon an mal an, à 1 milliard de dollars, ne peuvent couvrir que deux semaines d'importations. A titre d'exemple, l'Algérie qui achète 5% de la production mondiale de céréales, a importé, au premier semestre de l'année 2008, pour 2 milliards de dollars de céréales. La facture s'élevait à 910 millions de dollars pour la même période de l'année dernière. Pour les neufs premiers mois de l'année en cours, le volume des importations a enregistré une hausse notoire. Il se chiffre à 27,98 milliards de dollars, soit une augmentation de près de 40% par rapport aux neuf premiers mois de l'année 2007. L'économie nationale qui porte l'empreinte d'un déficit structurel de production agricole est pieds et poings liés à une importation tous azimuts (médicaments, automobiles, pomme de terre, blé, poudre de lait...). La brutale chute des prix qui est étroitement liée à la crise financière, appelle à des mécanismes appropriés pour gérer des moments aussi cruciaux pour l'économie nationale qui traîne comme un boulet sa quasi-dépendance des exportations hydrocarbures.