La planète n'arrive pas à nourrir son monde. Conséquence d'un choix économique qui montre de plus en plus ses limites, des populations entières dans les continents africain et asiatique sont en proie à la famine. La hausse des prix de la nourriture a été forte dans plusieurs pays. Au Kenya, le prix de la nourriture a connu presque les mêmes niveaux spectaculaires de croissance. En Egypte, on se bat pour obtenir quelques galettes de pain, à cause de la flambée des cours du blé. La situation, loin d'être reluisante, crée ainsi des tensions sociales, et des émeutes contre la vie chère éclatent çà et là, comme au Cameroun, en Côte d'Ivoire et en Mauritanie, où des incidents se sont produits. Voilà que le système économique mondial vient donc de donner la preuve irréfutable de son dérèglement. Tout récemment, les ministres des Finances du continent le plus exposé aux fragilisations supplémentaires de la mondialisation ont signalé l'urgence de la situation qui, selon eux, « présente une menace pour la croissance, la paix et la sécurité de l'Afrique ». L'Algérie n'est pas épargnée par ce mouvement de fond qui prend appui, dit-on, sur la hausse des cours du pétrole. Ces derniers mois, en effet, ont particulièrement été marqués par une augmentation notable des prix de certains produits de première nécessité. Une augmentation des prix qui n'a que trop fragilisé un pouvoir d'achat assez bien laminé déjà. On note bien que, dans le dernier bulletin trimestriel des statistiques de la Banque d'Algérie, l'inflation alimentaire a explosé pour atteindre un taux dépassant les 6,5% alors que l'inflation (hors alimentation) était de 0,77%. L'Algérie, il faut le dire, dépend très largement du marché alimentaire de l'importation. Ses politiques économiques, en dépit de son aisance financière due à l'embellie pétrolière, n'ont pas pu briser un tant soi peu cette fatalité de dépendance des marchés extérieurs pour nourrir la population. L'enjeu en question reste d'une actualité brûlante tant il constitue la pierre de touche des bonnes et mauvaises politiques. On perd la boussole, c'est l'inflation de pauvretés.