Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Tantôt à la hausse tantôt à la baisse, les prix du pétrole connaissent ces dernières semaines des fluctuations particulières. Les facteurs de cette situation sont divers, mais les conséquences sont les mêmes. La question des prix du pétrole revient sur la scène internationale avec force. Alors que les crises géopolitiques se multiplient à travers le monde, les fluctuations du pétrole sont devenues une menace qui pèse lourdement sur les économies des pays exportateurs de cette énergie en première ligne, dont fait partie l'Algérie. N'ayant aucune maîtrise des facteurs influents, les économies basées sur l'exportation de cette énergie n'ont qu'à rester en stand by et observer en attendant des jours meilleurs. Les prix du pétrole ont perdu, en l'espace de quelques semaines, plus de 30 dollars, soit 20%. Quelle parade adopter face à une telle situation pour les pays en développement ? La question est légitime, sachant que les répercussions de ces fluctuations ne sont malheureusement pas au bénéfice de plusieurs pays, notamment ceux ayant engagé de gros investissements infrastructurels comme l'Algérie. La question alimentaire reste aussi cruciale dans la mesure où, à l'exemple de notre pays, la facture alimentaire est salée (4,5 milliards de dollars l'année dernière). Sommes-nous à l'abri des conséquences d'une chute vertigineuse des prix de l'or noir ? La question demeure d'une actualité brûlante. Le souvenir d'un baril à 10 dollars est toujours dans les mémoires. Certes, les spécialistes sont loin de prédire des situations pareilles dans l'avenir mais les prix du pétrole sont-ils réellement au-dessus de la barre du raisonnable ? Cette question est d'autant révélatrice que personne n'arrive à expliquer les craintes des pays développés quant à une envolée spectaculaire des prix. Une crainte qui a été affichée à maintes reprises, particulièrement lors du sommet producteurs-consommateurs en Arabie saoudite. Les pays consommateurs, à leur tête les Etats-Unis, n'ont pas cessé d'appeler à la revue à la hausse du niveau de la production afin de provoquer une chute des prix. Chute libre… Chose qui n'a pas tardé à se concrétiser mais d'une autre manière. Après les craintes et les appels incessants des pays consommateurs d'augmenter les capacités de la production et, par ricochet, l'offre sur le marché, les choses semblaient répondre favorablement à ces inquiétudes en fait. En moins de deux semaines, les cours du brut ont baissé de près de 25 dollars à Londres comme à New York par rapport à leurs records de, respectivement, 147,50 et 147,27 dollars le baril. Petrologistics, une société de services pétroliers, avait estimé, en expliquant cette baisse, que l'offre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait progressé de 200 000 barils au mois de juillet, comparé à juin, ce qui a, selon elle, contribué au repli des prix. Le pic des 147 dollars n'a pas, en fin de compte, tenu longtemps puisque la chute a été dure pour les prix et pour les prévisions qui ont prédit un baril à 200 dollars. Ainsi, en moins d'un mois, le baril de pétrole, que certains voyaient à 200 dollars d'ici la fin de l'année, a perdu plus de 32 dollars, même si, selon des spécialistes, une nouvelle flambée n'est pas exclue en cas de crise iranienne, par exemple. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, de son côté, avait prédit un baril entre 70 et 80 dollars. Il avait estimé que les prix du pétrole pourraient baisser à un niveau, situé entre 70 et 80 dollars le baril, si le dollar se renforçait et les tensions géopolitiques retombaient. La question des prix du pétrole devient ainsi une énigme dans la mesure où les éléments qui contribuent à sa baisse comme à sa hausse sont des électrons libres éparpillés dans le monde tels que les crises géopolitiques, les tempêtes, les ouragans ou les catastrophes naturelles, l'endommagement des infrastructures pétrolières, les conflits armés et les crises politiques, etc. Même si pour nombre de spécialistes cette question est purement économique et répond relativement à des enjeux et aux lois du marché et à la Bourse, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, avait jeté un pavé dans la mare récemment. A ses yeux, les prix du pétrole ne sont «pas réalistes». Lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine NBC, Ahmadinejad, président du quatrième pays producteur de pétrole dans le monde, avait expliqué que «des forces manipulent les prix au sein du marché». «Pensez-vous vraiment que les prix du pétrole soient le résultat d'une saine concurrence sur le marché ? La réponse est non», a-t-il ajouté. Son collègue vénézuélien Hugo Chavez, lui, défendra un prix du pétrole stable à «100 dollars», expliquant que la flambée des prix du brut était le fruit de spéculations inhérentes au système capitaliste. L'OPEP en réunion le 9 septembre Consciente du danger que représente cette instabilité des prix de l'or noir, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) promet de riposter. L'OPEP devrait peut-être ajuster à la baisse sa production «si la demande ralentit», avait déclaré Abdallah Al Attiyah, ministre de l'Energie du Qatar. Il a précisé que la question de l'offre et de la demande sera discutée en septembre, ajoutant que «si la demande ralentit, nous discuterons du besoin d'ajuster l'offre» à la baisse. Rappelons que la prochaine réunion de l'OPEP se tiendra à Vienne le 9 septembre. Une réunion qui sera caractérisée par une conjoncture et un climat économique particuliers. Les risques de récession économique dans le monde restent toujours de mise. Après les Etats-Unis, c'est au tour des pays européens de vivre l'expérience. Globalement, les experts parlent d'une probable récession dans la zone OCDE. La deuxième économie mondiale, le Japon, s'est abstenue de mentionner le mot «reprise» dans son rapport mensuel sur l'état de son économie, jugeant au contraire que «l'économie faiblit récemment». La Chambre de commerce britannique (BCC) a indiqué dans ses dernières prévisions trimestrielles que l'économie du Royaume-Uni va connaître la récession dans les six à neuf prochains mois. La zone euro n'est pas du tout épargnée, analysent les économistes. L'économie de cette zone s'est ainsi réduite de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier durant lequel une croissance de 0,7% avait été enregistrée, et ce, même si des analystes tablaient en moyenne sur un repli de 0,3%. Le ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis a provoqué une chute des prix du pétrole. La situation sera-t-elle identique au cas où il y aurait une récession économique en Europe et au Japon ? Il semblerait que les prix du pétrole sont loin de se stabiliser, ce qui peut provoquer des crises cycliques dans le monde, dont les conséquences néfastes ne sont un secret pour personne.