Malgré son grade et sa fonction, son bureau trahit une présence féminine. Se tenant droite comme la justice, la commissaire Ghomari Lynda, chef de la sûreté urbaine de Télemly, est fière d'appartenir depuis 1985 à la Sûreté nationale. Avec ses 40 années et son statut de femme mariée mère d'un enfant de 14 ans, Mme Ghomari dirige un commissariat majoritairement constitué d'effectifs masculins. « Je ne trouve aucune difficulté à m'imposer. Un chef de commissariat doit se faire respecter et obéir. Ceci n'empêche pas que nous avons une ambiance familiale et sereine. Nous arrivons à constituer une équipe homogène, qui a pour seul souci de bien accomplir son devoir », dira la commissaire Ghomari en soulignant que ses subordonnés voient en elle le chef et non la femme. Sa grande satisfaction, c'est d'avoir réussi sur les deux tableaux, familial et professionnel. Lynda Ghomari n'a jamais regretté son choix, pas même durant la décennie noire. « Je n'ai jamais pensé arrêter, au contraire, cela ma donné encore plus de détermination à continuer. Quand on aime son travail, on ne peut pas lâcher », nous dit-elle les larmes aux yeux en évoquant le souvenir de collègues disparus. Elle se rappelle, aussi, son défunt père qui a lui-même déposé son dossier de candidature à l'Ecole supérieure de police. « Mon père a été le premier à m'encourager. C'est presque un engagement familial que d'appartenir au corps de la police ou militaire. J'ai des frères qui sont aussi engagés. » Pour Lynda Ghomari, la femme a pu imposer sa place à travers sa compétence et ce quel que soit le domaine d'activité : « La société algérienne, je crois, est arrivée, enfin, à comprendre que la femme peut être présente dans différents secteurs, notamment l'armée ou la police. »